« On l’appelle rêve américain parce qu’il faut être endormi pour y croire » - George Carlin


Déjà habitué du genre avec Tangerine, Sean Baker revient avec The Florida Project, à la frontière entre fiction et documentaire.


L'on y découvre le quotidien des habitants de motels jouxtant le parc Walt Disney, plus particulièrement celui de la très jeune Moonee et de sa mère Halley.
Ce qui frappe d'emblée est le jeu d'acteur qui marque par sa vraisemblance tant et si bien que c'est à se demander s'ils ne jouent pas tous leurs propres rôles. La seule figure connue étant Willem Dafoe, qui se fond à la perfection dans ce sordide décor.


Ignoré de tous, ce microcosme évolue en marge du plus gros complexe Disney des Etats-Unis. Loin des lumières criardes et tape-à-l’œil se dresse un univers glauque : l'antichambre de ce royaume fantasque.
Idée que l'on retrouve d'ailleurs au travers de l'affiche du film, du grain de l'image et des couleurs des motels qui arborent une teinte pastelle, terne, en totale opposition donc à celles éblouissantes des panneaux et du parc d'attraction.


Le fossé entre ces deux mondes se retrouve au sein des deux protagonistes : d'une part une femme-enfant incapable de prendre ses responsabilités et d'autre part une fillette évoluant dans un monde d'adulte qui passe à côté de son enfance. Bloquées, elles tentent de fuir leurs réalités en vivant sans se soucier du lendemain et des conséquences.


Toutefois, à trop vouloir donner de consistance à sa diégèse, le film n'échappe pas à l’écueil de traîner en longueur, rendant alors certaines pérégrinations improductives. A cela s'ajoute une fin abrupte et mal amenée par un changement de rythme très maladroit qui laisse sur sa faim le spectateur.


Il n'en demeure pas moins que The Florida Project a le mérite de marquer par sa vision brutale et sans concession de ces oubliés du rêve américain.

MireurTom
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le 3 janv. 2018

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Tom MIREUR

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