Ce film arrive à quelque chose de très fort: Il n'y a pas besoin de connaître les deux personnages principaux, qu'on les présente pour partager leur histoire. D'habitude, ça rate. Ici, ça fonctionne à peu près tout le temps, car nous apprenons qui ils sont par un procédé assez unique entre symbolisme et poésie qui nous transporte à travers trois mondes. Le film est émotionnellement fort en quelques minutes. On peut sentir le poids de la vie qui s'écroule quand un être cher s'apprête à mourir, et on est presque comme le personnage principal, en train d'espérer que ça n'arrive pas, de repousser l'échéance. C'est presque un film compte à rebours où même les moments de paix dans ce magnifique monde entre imaginaire hindou et science fiction ne font qu'ajouter à la fatalité.
Je vois surtout dans ce film une magnifique histoire d'amour, qui à travers la mort éclate la réalité, distord le temps et l'espace à travers un effort magnifique d'imagination.
Le film est beau, rempli de symboles, superbement interprété.


Quelques réserves cependant:
On peut regretter une certaine opacité chez aronofsky autour du monde "de la bulle", qui ne nous donne pas beaucoup d'indice. C'est à nous de décider de ce dont il s'agit: une projection mentale, la dernière vie du personnage, ou carrément une allégorie de l'histoire elle-même (c'est-à-dire un monde réservé au spectateur pour symboliser la quête existentielle). Qu'on ne sache pas ne pose pas de soucis en soi. Mais qu'il n'y ait vraiment aucun indice, que tout ce qui est dit autour de l'arbre reste si obscur décourage. On ne sait pas si Aronofsky a vraiment une idée à faire passer à travers cette histoire tri-dimensionnelle ou si l'idée des trois univers est tout simplement gratuite.
Cette pensée est d'autant plus renforcée par le propos qu'on semble percevoir à travers ce film, et qui n'est finalement pas si fort que ça dès le moment où l'on a à l'écran une espèce de moine bouddhiste et qu'on prétend raconter une quête spirituelle.


C'est mon gros reproche à ce film: à la fin, je pleure, sans savoir totalement pourquoi, mais à la limite, ça se comprend, le sentiment ne s'explique pas toujours et je trouve que c'est un tour de maître. En revanche, une fois que j'ai pleuré, puisqu'il y a une dimension spirituelle au film, j'aimerais une réponse à peu près balèze. Ce n'est pas le cas ET c'est flou. Ou plutôt, il semble que ce soit flou pour pas grand chose.


Certes, il faudrait revoir le film pour en détecter les mystères. Mais le trop grand flou qu'il laisse n'y incite pas.

ArthurWeil
7
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le 3 févr. 2018

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Arthur Weil

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