Jusqu'à présent, dans la japanimation, je n'étais resté qu'en surface, me limitant à Miyazaki et Oshii, n'ayant pas trop de connaissances dans le domaine et puis vint un beau jour où je me suis dit qu'il fallait creuser un peu tout ça pour tomber sur de nouvelles perles. "The Garden of Words" me rappelle que la naïveté voire même la mièvrerie peuvent me plaire quand le traitement est à la hauteur de mes espérances. Mais tout d'abord, le titre, très beau au demeurant, qui, dans sa traduction française, veut dire "Le Jardin des Mots". Le lieu central est ce jardin verdoyant au beau milieu de la mégalopole tokyoïte. Il y a dans cette idée le retour à la nature, la fuite vers nos origines terrestres, loin du tumulte de la ville. La nature est synonyme de tranquillité. Un petit havre de paix dans une cité grise où tout va vite. Mais le jardin, c'est aussi le jardin secret de chacun. Cet espace clos qui n'appartient qu'à nous, où nos pensées et aspirations évoluent sans se confronter au qu'en dira t'on des gens. Plongés dans ce décor féérique où se reflète sur la pluie la solitude de ces deux personnes qui ne se connaissaient pas avant, ils revivent un court instant. D'un métro où tout le monde scrute bêtement au-delà du plexiglas ou regarde le sol sans se parler, la parole se libère entre ce collégien et cette femme de 12 ans son aînée. La nature fait éclater la communication de notre genre humain, être social par excellence. Cela renvoie au deuxième mot du titre.
"The Garden of Words" ne sublime pas seulement la nature par ses dessins tape-à-l'oeil mais aussi par cette connexion inconsciente qui va naître entre ce garçon et cette fille qui ne parviennent pas à se faire une place dans la société japonaise. Leur seule source de quiétude est l'autre sous cet abri les protégeant d'une pluie fine. Cette pluie semblant être leurs larmes transférées dans le ciel grisâtre et qui, mélangées à l'autre, atténue la tristesse individuelle. Si la forme y est, le fond l'est tout autant. "The Garden of Words" parle de l'amour impossible, du passage à l'âge adulte, des espoirs et rêves des jeunes s'ouvrant à l'impitoyable monde des adultes et devant souvent laisser derrière eux un avenir qu'ils avaient idéalisés. Je ne cache pas que mon passé encore jeune d'écolier s'est reconnu en lui par cette faculté à être fasciné par la femme, à éprouver une attirance envers elle dans des situations insolites, à être envoûté par ce premier contact créé. Est-ce que parce que "The Garden of Words" fonctionne comme une caisse de résonance chez moi ? Difficile à dire mais il y a quelque chose de puissant qui s'en dégage au point que le jeu de piano ne soit pas contre-productif à l'intensité dramatique et sert même celui-ci (un comble pour moi qui a en horreur le surjeu dramatique). Certes, nous aurions aimé une fin plus tragique, plus subtile mais en l'état, on tient un petit bijou de 46 minutes qui réchauffe le coeur et nous renvoie à nos jeunes années qui sont à n'en point douter les meilleurs instants de notre vie, là où l'innocence et la gaieté étaient totalement de mise.