Aux lectrices & lecteurs...Note du béotien Bôgen, (première "critique" de film sur S.C) : ce texte est plutôt à l'intention de celles & ceux qui ont vu le film, j'y divulgache à tour de bras, il y a du terreau horticole dans le ventilateur.
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Ambiance de visionnage : Se retrouver devant une brochette saignante, bleue ou à point et se souvenir que l'on est un spectateur végétarien...
Est-ce à croire que Guy Ritchie s'est mis a vendre de la ganja surpuissante pour avoir une montagne de £££ (à moins que cela ne soit de la farine à la mode, qui rapporte, dit on, encore bien plus) pour pouvoir s'offrir un gang de cet acabit { ici, déroulez mentalement la liste de tout le castingueux classieux, de sexe masculin} laissez malheureusement les actrices à part, qui sont effroyablement sous employées.

La brochette d'acteurs bankables en question donc, une fois les prises finies, a dû fort se réjouir au catering, ((imaginons quelques tables bien plantureuses, caviars choisis, saumon des Highlands et une pièce démontée pour la fiesta du dernier jour..; Ces messieurs dames d'Hole y Wood ne mangent plus de sandwichs depuis longtemps )) et se raconter leurs aventures de comédiens doués sur de vrais films, avec des vrais enjeux.
Filmer comme Ritchie en se regardant filmer des acteurs qui jouent (plutôt bien, évidemment) se regardent jouer en débitant quelques lignes d'un scénario compris au bout de 10 minutes par n'importe quel spectateur adulte est un brin ennuyeux.
J'ai été assez abasourdi par le sous emploi de Michelle Dockery, qui fait quelques regards entendus à la Good Behavior , genre je suis dangereuse et mon "mec" mac ? est lui super-super dangereux, un vrai Lion avec des crocs ((pas les sandales en plastique, restez concentrés, please)) et il m'aime. Il m'aime d'amour... Mais c'est juste elle, Michelle D, dans des robes de nouvelle riche, qui joue -sans talent particulier, vu son rôle de plante bien arrosée- la belle indifférente un peu vache comme je te pousse avec son amoureux transi )
Tenez, amigas y amigos de S.C, trouvaille !
C'est un film de Nouveau Ritchie !
Alors oui, nous sommes en présence de gros poncifs, qui laissent de la sciure partout (pour absorber un sang qu'on ne voit guère, heureusement, vive le hors champ ! )
... "je ponce donc j'essuie", comme le disait un philosophe qui n'étais pas anglais.
Et nous, devant l'écran, on essuie les plâtres, avec une éponge toute douce, de celles qui parlent, une éponge connectée qui dirait "hé, Ritchie, on est en 2020, il y a des choses à dire sur le Royaume Uni, les ravages des drogues chimiques, la pauvreté, les inégalités, la politique, les maffias, les flics, le Brexit... Voyez, ami.e.s, l'éponge est elle aussi pleine de clichés et d'espérance.
C'est une éponge de gauche, elle veut un cinéma qui a du sens...Pauvrette ! c'est pas du Loach !
Elle sèche vite, pas grand chose a essuyer.
Toute prête a se gorger de cinoche devant les premières scènes, pourtant :
un petit flic floc de whisky hors de prix a éponger sur un guéridon de chez Christie's ?
? Slurp.
Des regards entendus et prometteurs de belles gangsta f**** stories entre un escroc beau parleur (cabotinage et lumières tout droit issu des ambiances 80's du cinéma de genre) et un bras droit (exécuteur en chef) flegmatique, névrosé tendance maniaque à la barbe impeccable qui laisse chauffer son barbe cul high tech 24/24 dans le jardinet paysagé par un Italien amoureux du gazon maudit ???
Je jette l'éponge.
Là, je ne sais ce que vous en pensez, mais j'ai trouvé la suite tout bonnement raciste.

De ce bon vieux racisme à la Tintin & Milou qu'on pourrait, en tant que spectateurs exigeants, vouloir disparaître pour de bon de l'écriture contemporaine...
+ La pègre chinoise filmée comme dans une série produite par les amis de Mr Trump, avec tous les effets spécieux en Tek Nicolor. Du style "le chinois est rusé", "il est perfide" d'ailleurs "ils s’entre-tuent de manière rusée & perfide" ha ha ha.
+ le mafieux israélite binoclard acoquiné avec le maussade, qui fait son mystérieux comme un comédien amateur dans un spectacle de fin d'année...
+ Les gosses de riche junkys réfugiés dans un flat sordidos, sis dans le sud de Londres, certainement, avec bien sûr les mômes de la rue en bas qui (impossible dans le réel) branchent un vrai voyou et lui chauffent un peu les esgourdes, lors qu'il leur distribue des faffiots pour qu'ils aillent s'acheter des caramels...on est pas dans The Wire ou Red Road, ça sonne faux, très faux.
+Les jeunes prodiges du Kung Fu, équipe Afro-British bien proprets, du style "on est les minorités agissantes",
+ La gentry Anglaise, coincée et pathétique, forcée d'héberger le trafic d'or vert pour tenir leur rang,
+ La lourdissime drague homo que l'à peine inquiétant Fletcher (Grant) fait littéralement subir à Ray (Hunnam) , le gentillet muscle man affublé d'un cerveau semble-t-il si sensible dont on ne saura presque rien ...
+ le garage a ouatûres de luxe tenu d'une main de fer dans un gant de crin sertie d'une bague offerte par son millionnaire amôôôûûûr au bout du bras très dirigiste d'une patronne (M. Dockery) qui n'emploie que des mécaniciennes...
+ le journaleux de tabloïd (Eddie Marsan, petit rôle, très peu inspiré) qui se paye un remake du premier épisode de Black Mirror dans une ambiance Poulpe Fistion/Porc épique... heureusement, on n'y a pas droit, merci bien, Ritchie.
++++++++++ Tant de clichés, vraiment sans grâce, juste des gros clichetons de base comme on les détectent et les subissent, au cinoche ou ailleurs, les uns après les autres enfilés comme des perlouses de get back élite sur un fil narratif a base de chanvre transgénique.
Et pas un flic à l'horizon pour bousculer ce petit monde du crime Jet Set !!!.... Dans un film Gangsta, ça manque un peu. Pitètre le Prince Charles couvre le juteux trafic vu son goût pour le Rub a daube ?
Le Colonel moutarde m'est monté au nez, forgive me, éclaireurs, cause I have sinned.
Oh là là, ça ratisse large les Gentlemen farmeurs, ça balaye le spectre de l'infâme avec un plumeau dégarni, les symboles phantasmatiques aBONDent, et même pas de James à l'horizon, bien que ses gadgets auraient beaucoup plu aux rascals pétés de thunes qui s'ennuient, comme des riches qui le sont devenus par la voyoucratie.
(j'ai écrit comme des riches, et le maintiens : le bling bling est maintenant la religion des puissants de ce monde, quels que soient leurs sources de revenus, ils fréquentent les mêmes banques, les mêmes restaurants. )
On ne croit pas un seul instant que le personnage joué par Matthew Mc C (bête d'écran habituellement qui là n'a pratiquement rien a défendre de son personnage, il en joue "l'enveloppe") veuille devenir un "retraité" alors qu'il l'est déjà, vu ses compte$ en banque$...
Désintérêt total d'un enjeu aussi "hors sol".
Mis à part une leçon de choses sur le nom des herbes-de-provence Amsterdamesques qui feront saliver les spectateurs usagers en manque, en ce temps où les routes de l'assommoir sont désertées pour cause de Covid ordure...
A propos de hors sol, nous avons parfois droit à un recyclage de décors à la Breaking Bad, (visite guidée du sous sol en halu-mignon, + les caisses à poissons pleines de beuh) et surtout, un filmage de scène au rythme du mètre étalon des séries lambdas, c'est à dire 2 ou 3 personnages qui commentent, dans une pièce filmée comme l'intérieur d'une boîte de conserve, ce qui a eu lieu et qui (nous) préparent à ce qui va arriver, nous laissant en plan américain, sur nos sièges rembourrés, un pop corn dans chaque narine, si on en mange au cinéma (ce qui n'est pas mon cas) histoire de na pas être trop contaminés par une légère effluve de navet se voulant brillant.
Bon, 2 ou trois jokes auraient pu transformer ce film très moyen (pour un ouvrage de 2020, a prétention "post (restante) moderne)
Ritchie aurait pu par exemple inviter en second rôles justement une petite Breaking Bad triplette, Walter White, Jesse Pikman & Gus, en tenanciers de labos, avec un pt'it camion Pollo Hermano qui partirait dans la poussière du Yorkshire..; dans le même décor on aurait pu adorer voir sortir de l'arrière boutique de la plantation d'herbe attaquée par les Ninjas Warriors, pour en découdre avec du jeu de jambe un peu plus réaliste l'équipe entière des Peaky Blinders, avec Arthur bien en forme...Un des châteaux aurait pu être Downton Abbey, avec son sympathique couple de nobles fauchés... Avouez que ça aurait pu donner au film un brin de caractère... A construire avec des clichés, autant y aller à fond...d'ailleurs il y a un petit coté Tarantinesque de sous préfecture, avec la présentation des Bad Boys façon 70's par exemple...
Non, le seul personnage que je retiens (même s'il est pris dans un carcan/canevas très maigrelet) c'est celui interprété par Colin Farell. The Coach. A elle seule, la scène du Fish & Chips vaut le coup, il y a du réel, ça sent le vinaigre, l'huile rance, et on a soudain envie de s'identifier et de porter élégamment un costume blazer écossais fantaisie (avec un masque Covid de Sens assorti) et distribuer quelques pains au lait aux morveux pré-délinquants, comme ce bon Farell à lunettes chipées à un BlaXploitation character, souriant, nous en démontre la jouissive et libératrice aptitude. Faites des arts martiaux, ça peut servir, ne s'usent que si l'on s'en sert.
Pour ma part, j'ai eu droit à des Skinheads à Edimburgh, dans une épicerie de nuit, au début des années 90, et je me suis découvert en solo un don pour le 300 mètres haies...aïe aïe aïe) ouf.
Yeah.
Interlude Londonien, de la vielle école.
Gangsters - The Specials - Live 1979
https://www.youtube.com/watch?v=FOm8a9tRs8A
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Les films de gangsters sont un des Annapurnas du cinéma. Ils valent par leur air raréfié, la présence de grands prédateurs (ah, Casino, de Scorcese), la démonstration/dénonciation de la violence, la "zone de la mort", comme en haute montagne.
Ici, nous sommes en goguette sur une petite colline sans goût ni grâce, un voyage organisé pour stars en vacances d'un vrai rôle, s'il avait été question de trafic de cocaïne dans ce script là, , je parlerai ici même de neige artificielle.
Guy "Nouveau" Ritchie dépense des £ à la pelle, s'auto-cite dans son genre "films à twists", divertit un peu son casting de rêve dans quelques scènes de caractère, et très peu le spectateur que j'ai été. Sorry about that, Guys,
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Il manque un contexte, un cadre et des enjeux qui auraient pu enraciner le "feel not so good" movie dans le terreau British, qui ne manque pas d'éléments nourriciers vu la violence sociale que les trafics de stups et autres malfaisances, malheureusement, provoquent, et qu'un cinéma - fut-il de pur divertissement futile - peut évoquer à bon escient s'il en fait l'effort.
Disons que ce film est un film du passé, et tout ira bien.
Ça n'empêche personne ici ou ailleurs, hein, je ne voudrai pas paraître trop WICKED, de se rouler "The Gentlemen" dans un trois feuille de Rasta Popoulos et de parsemer la moquette de cendre fraîches.
Il y a des petites mains pour faire le ménage.
Laissez les bouteilles vides, je les récupère pour la consigne.
Et si vous êtes en manque de cinéma tiède, fumez donc la moquette de marque "The Gentlemen" et embrassez enfin Hugh Grant, aux yeux de chat potté, qui se sent si seul, si incompris, maître chanteur d'une partition sans dissonances.
Un peu trop proprette pour être au net.

SpannungsBogen
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le 17 avr. 2020

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