Continuant sur ma lancée, on revient enfin après une comédie géniale néo- zélandaise, on passe directement dans l'hémisphère nord avec une bonne comédie de gangsters et de mafiosos dans l'Angleterre de 2020.
J'avais entendu parler de ce film à sa sortie, mais il était passé très vite sous nos radars français en ce début d'année. Et pourtant, je me suis posé devant ce film avec un pote au téléphone, et très vite j'ai arrêté la conversation pour me consacrer au film. Et une fois qu'on rentre bien dedans, c'est un film de bonne tenue, assez drôle, et ultra stylé et bien classe.


C'est enfin le retour du grand Guy Ritchie, qui après ses aventures hollywoodiennes plus ou moins ratés, revient à ces racines. C'est- à- dire des gangsters, des personnages déjantés, une Angleterre qu'il a toujours magnifié, une écriture précise avec des dialogues très cools, un montage très découpé, une BO toujours aussi étonnante, et une ambiance électrique à mi- chemin entre les frères Coen et du Tarantino. Bref, ça gueule, ça tire de partout, ça défonce des bagnoles, et le scénario est un gros bordel.


Autant dire que le style de Guy Ritchie, cela n'a jamais été dans la dentelle. D'où le fait qu'il s'est imposé un des maîtres du genre de la comédie de gangsters britannique dans les années 90 et 2000 avec deux films cultes, Arnaques, Crimes et botanique, puis Snatch. Si après le reste de sa carrière est bien moins reluisante, il reste quand même un Code UNCLE pas mal et un premier volet Sherlock Holmes vraiment séduisant. Ce retour aux "sources" de son art lui permet de refaire, malgré tout, Snatch version 2020.


The Gentlemen est donc une bonne comédie, avec plein de bons points : un très bon casting, porté par une pléiade de stars tous sortis de nulle part, notamment Matthew McConaughey dont on se demande pourquoi il est là et joue assez fadement, et face à lui des acteurs stars britanniques au top de leur forme, avec comme petite préférence notre cher Hugh Grant qui trouve ici l'un de ses meilleurs rôles en journaliste véreux splendide, et un superbe Colin Farrell hilarant dabs le rôle déjà culte de Coach, un espèce de gérant de salle de boxe et de jeunes ados complètement taré et magouilleur avec un bon fond. Ne parlons pas des seconds rôles, tous assez solides dans l'ensemble, malgré l'apparition de hong- kongais qui servent un peu à rien.
En plus de cette bonne direction d'acteurs et de très bonnes performances, il y a aussi toute cette mise en scène typique de Ritchie, ralentissant ou coupant les scènes très vite, et ducoup un montage très riche et plutôt habile, pour tenir l'histoire debout. Un scénario très dense, peut- être trop dense, avec de multiples rebondissements, mais qui reste haletant et très sympathique, surtout avec des dialogues à se tordre de rire ("Je ne l'ai pas tué, c'est la gravité qui l'a tué", ce genre de perles très drôles). La photographie comme la lumière est pas trop mal géré, l'atmosphère gangster cool est elle- aussi sympathique, et la BO est elle- aussi vraiment cool.


Malgré tout cela, Guy Ritchie nous permet de s'immerger dans cette actuelle Angleterre, à la fois dans les bas- fonds des quartiers pauvres du sud de Londres comme la bourgeoisie huppée des campagnes, et réussit à rendre tout cela crédible, malgré de grosses ficelles. Pour ce qui est du cliché ou du stéréotype, ce film, comme tout bon film de Ritchie, en est rempli à rabord, et c'est ce traitement de personnage, cher à ce réal, qui est souvent la source des emmerdes et des moments marrants comme cultes de ses films : des hong- kongais trafiquants, des aristocrates qui doivent couvrir un petit patron d'une boite de marijuana pour subvenir à leurs besoins pendant que leurs gosses de riches se défoncent dans des apparts miteux à l'héroine, des anglais classes et distingués toujours prêts à balancer des punchlines avant de tuer quelqu'un, des ados pauvres qui passent leur temps à se battre ou à dealer, le juif sans scrupules avec des agents du mossad, des russes increvables, ou encore un irlandais mi- taré mi- cool mi- gentil, bref, cela ressemble beaucoup, BEAUCOUP à un autre film.


The Gentlemen est donc un bon film fun à l'humour anglais terriblement accentué, d'où le fait de voir ces films en VO. Mais malgré toutes ces qualités, The Gentlemen accuse de beaucoup de longueurs, surtout vers la fin, et pompe allégrement tout Snatch et Arnaques, crimes et botaniques. Ducoup, on a une sensation très désagréable vers le milieu du film qu'on sait déjà tout ce qu'il va se passer. Et cela gâche d'autant plus le visionnage parce qu'il est assez jouissif, notamment via cette obsession qu'à Guy Ritchie de prendre des personnages plus vieux et de taper sur des jeunes, souvent mal traités, abrutis, ou obsédés par les écrans.


Bref The Gentlemen est une bonne surprise, malgré cela reste une re- dite avec plus de budget et de classe que Snatch. Et pourtant, Snatch, c'est malheureusement tellement mieux.

Mathieu_Renard
7
Écrit par

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le 16 mai 2020

Critique lue 99 fois

Matt  Fox

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