Si vous n'avez pas vu ce film, et si vous ne connaissez pas l'univers de Wes Anderson, je ne peux que vous le conseiller. Vous serez surpris, j'en suis certain, comme je l'ai été (car c'est par ce film que j'ai découvert la filmographie du réalisateur). En effet, la réalisation est unique, et il y a peu de long-métrages que l'on peut reconnaître immédiatement, juste avec une image. Celui-ci fait partie de cette liste.
L'histoire est construite sur un modèle de poupées russes : une jeune femme lit un livre, dans ce livre, l'auteur raconte une rencontre avec un homme, Zero Mustapha, qui lui-même lui raconte l'époque où il était Lobby Boy au Grand Budapest Hotel, auprès de M. Gustave. Que tous ceux qui ont pris peur en lisant ceci se rassure, tout cela n'est absolument pas difficile à suivre car la majeure partie de l'histoire se déroule sur une seule époque, la dernière.
Cette histoire paraît au départ banale, mais rapidement, des événements vont se dérouler et transformer ce récit en véritable course poursuite, accusations de meurtre et autre évasions, le tout sur fond de montée du fascisme dans les années 1930 (cette partie est présente visuellement, mais très peu explicitée, hormis vers la fin du film). Wes Anderson utilise sa réalisation unique pour mettre en image cette histoire. Encore une fois, les couleurs sont très présentes, la plupart des plans paraissent même irréels, sortis d'un tableau. Les réactions des personnages aussi peuvent paraître absurdes ou insensées, mais là n'est pas l'important. Ce film raconte une histoire et nous transporte si loin dans son univers (ou tout est, au final, cohérent) que certains éléments qui pourraient être aberrants dans le monde réel ne nous choque pas ici.
Le réalisateur a également décidé de faire un travail sur le format de l'image. Ainsi, selon l'époque où se déroule le film (les poupées russes, toujours), le format varie. La plupart du film se déroulant en 1932, le format le plus utilisé est donc le 1.37 :1 (bien loin des standards actuels ou d'un Christopher Nolan, par exemple). Ce seul détail permet déjà de reconnaître instantanément le film.
Au delà de l'histoire, passionnante et oscillant toujours entre la comédie et le film à suspense, les acteurs viennent apporter leur talent pour transformer cette oeuvre en réussite totale. En effet, dans les rôles principaux, Ralph Fiennes (toujours impeccable) et Tony Revolori (encore inconnu) font un travail formidable et occupent tout le scénario. Autour d'eux, des dizaines de personnages hauts en couleurs (Jeff Goldblum, Willem Dafoe, Mathieu Amalric), ainsi que de grands acteurs pour les parties se déroulant à d'autres époques (Jude Law et F. Murray Abraham apparaissent, au final, peu à l'écran, mais sont incroyables de justesse).
En conclusion, The Grand Budapest Hotel a été un coup de coeur pour moi, qui m'a fait découvrir l'univers si particulier de Wes Anderson (que j'ai immédiatement adoré, que d'autre n'apprécieront sans doute pas) et qui m'a donné envie de connaître le reste de sa filmographie (dont l'excellent Moonrise Kingdom, à voir également). À savourer, encore et encore, comme une pâtisserie de chez Mendl's.