La vie de Ip Man de 1936 à 1954 et sa rencontre avec Gong Er, fille du grand maître respecté des arts martiaux...
"The Grandmaster" a dés le début au moins une qualité inattaquable, la seule vraiment constante de ses deux heures de film : sa mise en scène. Wong Kar-waï orchestre des combats d'une beauté brutale et poétique, filmant au ralenti les habits et les chaussons voltiger et les poings et les pieds mutuellement s'entrechoquer. Dans un écrin poussiéreux et désespérément sombre, il soigne son image jusqu'à l'épuisement, cédant sans cesse au gimmick du plan saccadé et au ralenti somptueux.

Hélas, ses personnages sont à l'image de cette mise en scène : classe. Mais c'est tout. En forçant sur l'image et en recherchant la perfection visuelle et sensitive, le cinéaste oublie de donner à chacun de ses protagonistes une réelle profondeur, excluant toujours l'émotion quand il y a besoin. Dans cette peinture mouvante du kung fu, ils déambulent dans des ballets magiques comme des ombres chinoises. On les observe arriver. Combattre. Puis repartir, au sein d'une histoire qui n'en est pas vraiment une tant la ligne narrative s'avère confuse et finit vers l'achèvement de l'oeuvre par s'éparpiller et ne devenir que le prétexte à de toujours aussi belles scènes de combat, comme celle sur le quai de la gare. Pour preuve, les apparitions furtives du personnage de La Lame, dont on se demande bien l'utilité dans le montage haché, alternant les segments de Gong Er et de Ip man avec plus ou moins d'harmonie.

Plus approche la fin, plus "The Grandmaster" donne l'impression d'être moins un biopic du maître Ip Man qu'un objet d'expérimentation aux cadres et à la lumière toujours aussi soignés. Un parti-pris qui laissera de marbre ceux qui s'attendaient à obtenir de "The Grandmaster" l'oeuvre ultime sur le maître de Bruce Lee, mais qui ravira n'importe quelle pupille sublimant même les passages les plus faiblards d'un scénario ratissant étrangement trop large malgré la sensation d'un huis clos permanent. Si peinture de Chine il y a, ce sera celle de l'intérieur.
martinlesteven
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le 26 avr. 2013

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Marty Lost'evon

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