Repas du dimanche

Globalement c'est divertissant. Mais c'est pas folichon. En même temps, ça fait tellement longtemps qu'on l'attend... en fait, c'est un peu un problème récurrent chez Roth : il fait monter la mousse et une fois le gâteau servi, on se rend compte qu'il n'y aura pas de clown pour faire la fête. "Hostel" avait été vendu comme un truc de fou, les deux producteurs prétextant qu'ils avaient retourné ou réécrit des séquence après avoir vu que telle torture avait déjà été faite... au final, on se retrouve avec un torture porn un peu mou. "Green Inferno" c'est pareil, ça a été vendu comme un film dingue sur le cannibalisme et finalement c'est très soft.

Le scénario démarre lentement. Très lentement. Les personnages sont cons (des ado qui veulent changer le monde), ça c'est drôle, mais le traitement est très faible parce que Roth ne tire jamais parti de cette bêtise, il se contente de la montrer de façon peu intéressante. À la 40ème minute, il se passe enfin quelque chose. Sauf que tout se passe d'un coup et qu'après 15 minutes jouissives, on retombe dans l'inaction. Avec de temps en temps des scènes gores pour sauver les meubles. Vu qu'il n'y a pas vraiment d'enjeu, pas d'objectif à atteindre et peu de conflits, on sent que Roth a du mal à boucler son film, du coup il part un peu dans un délire avant d'amener son plan final qui lui, s'avère tout de même intéressant car reprenant un thème du film.

Cela fait plaisir de voir des effets gores à l'ancienne. Ce qui est dommage c'est de n'avoir que des gros plans ou alors trop de mêlées durant lesquelles on ne profite pas vraiment du massacre. Surtout que les autochtone ont une bonne gueule et de bons maquillages. Les jeunes héros ne sont pas terribles, à cause du personnage surtout, mais aussi parce que les acteurs ne sont pas assez dans la caricature et que leurs tronches sont bien trop sérieuses. Le 'gros' de service, par exemple, aurait dû être plus gros dans sa façon d'être (que ce soit en étant gentil ou pas), car au final, on oublie qu'il est le gros de service (et dans un film avec des cannibales c'est un peu triste), on a juste droit à quelques répliques de l'un ou l'autre. Le découpage est correct, le crash de l'avion m'a même plus convaincu que dans la bande annonce. Mais bon, faut bien dire quand même que Roth n'est pas un grand metteur en scène, que ça manque de personnalité, d'une vision, qu'on ne situe pas toujours très bien les personnages ni l'action (ça prend quelques plans pour comprendre).

Le film n'est pas assez sombre globalement. Certes, les scènes de cannibalisme sont un peu crades et glauques, mais il aurait fallu aussi approfondir la psychologie des personnages, s'amuser davantage avec eux. Ici, on n'a qu'un seul méchant et je trouve qu'il reste encore bien sympa. Vu la situation, je m'attendais à plus de méfaits aussi égoïstes qu'opportunistes.

Bref, "Green inferno" se laisse regarder mais manque de cruauté, manque de fun, manque d'humour, manque de trash pour vraiment marquer. C'est dommage parce que Roth admire des films cultes qui possèdent tous ces ingrédients, alors comment a-t-il pu passer à côté en réalisant son propre film (alors que "Hostel" est tout de même bien plus généreux pour tout ça).

PS : c'est la première fois que je vois un générique dans lequel sont indiqués les comptes tweeter de certains membres de l'équipe... C'est un peu étrange.