Les papys flingueurs.

John Lee Hancock ne l'a jamais caché, son modèle est Clint Eastwood, avec qui il a déjà travaillé sur Un monde parfait, déjà avec Kevin Costner. Donc, ça n'est guère étonnant qu'il soit aux commandes de The Highwaymen, qui raconte comment deux anciens rangers du Texas reprennent du service, sur ordre de la gouverneure, pour retrouver et abattre Bonnie Parker et Clyde Barrow.

Quand on parle de ces deux personnes, il est évidemment difficile de ne pas penser à Bonnie & Clyde d'Arthur Penn, réalisé en 1967, qui lança non seulement le Nouvel Hollywood, mais révolutionna l'art du montage, en particulier sur la dernière scène, mythique.
Car en fait, le film d'Hancock est le contrechamp exact, où on voit très peu en fin de compte le couple infernal, pour se concentrer sur ces deux rangers à la retraite, joués par Kevin Costner et Woody Harrelson. A cette époque (1934), les rangers du Texas étaient dissous, et venait de se créer le FBI. Mais les méthodes du nouveau service ne suffisant pas, cette gouverneure, que joue Kathy Bates, fait appel aux vieux de la vieille.

En fin de compte, le film m'a terriblement déçu, car bien que ça rappelle Eastwood, c'est d'une mollesse... toute l'histoire consiste en une suite d'indices disséminés ça et là, avec un Kevin Costner taciturne à souhait et ne cachant pas son petit bidon, et Woody Harrelson qui en fait un peu trop.
On veut aussi montrer, là aussi de manière appuyée, que ces deux hommes sont trop âgés pour ces conneries, avec Costner qui n'arrive pas à rattraper à la course un enfant. Il y a quelques moments qui se détachent, avec le père de Clyde qui souhaite que son fils soit abattu, ou la représentation du couple qui est vu comme une sorte de Robin des bois moderne alors qu'ils ont abattu des tas de personnes, dont des policiers.

Il y a un travail intéressant sur la reconstitution, sur le fait qu'on joue constamment sur l'absence des gangster, et la fin est sans nul doute un hommage au film d'Arthur Penn, en essayant là aussi de multiplier les plans au moment de ce qui fut une exécution, mais on n'a pas la maestria de Dede Allen, la monteuse de Bonnie & Clyde sur le point de vue.
Il en résulte que Highwaymen est un film miroir, sans doute plus proche du réel que ne le fut Bonnie & Clyde, mais là, c'est d'une lenteur (plus de deux heures), quelque chose comme du Clint sans Eastwood.