Je trouve qu'il y a un peu deux types de TML. Les chiants, et les cools. Les chiants manquent souvent de rythme (même s'il est lent dans tous les films) et dégénèrent souvent sur des délires sexuels glauques et/ou malsains (cf La rivière). Les cools partent d'un meilleur concept, et sont souvent mieux rythmés (par des chansons par exemple, dans La saveur de la pastèque ou Visage).

Celui là fait partie de la deuxième catégorie. C'est un peu le film d'action de TSM. Plus rythmé, avec des chansons, et un pitch digne de certains films de SF (peur du passage à l'an 2000 et virus mysterieux). Enfin, tout ça va réunir deux individus dont la frontière entre les deux appartements va être abolies petit à petit, au fur et à mesure que le trou s’agrandit.

On note aussi, la présence encore plus importante d'un paramètre cher à TML : l'eau. Elle était poison dans La rivière, manquante dans La saveur de la pastèque, et abondante dans Les chiens errants. Dans ce film, c'est un peu la totale elle abonde, elle fuit (ça rappelle d'ailleurs l'épisode assez poilant de la fuite dans I don't want to sleep alone), elle envahit les sols, mais elle est aussi dangereuse, empoisonnée. Les consignes données à la télévision pour éviter l'intoxication semblent bien dérisoires quant à la quantité d'eau qui s'infiltre chez la voisine du bas.

Le trou en question, creusé au début du film par un plombier qui à l'air de s'en foutre un peu va peu à peu lier les deux habitants. Comme d'habitude chez TML, ils n'ont pas de noms et seront crédités au générique comme "le voisin du dessus" et "la voisine du dessous". TML cherche une universalité dans ses personnages. La rencontre est d'abord indirecte, barbare. L'une asperge du produit anti cafard à travers le trou dans la tête de l'un. L'autre vomit dans le trou (sic). Le ton des premières paroles échangées est plutôt amer. Mais l'évolution va se faire lentement (ah bah oui, on est chez TSM, c'est pas hyper rapide...) mais surement jusqu'à un avant dernier plan absolument magnifique ou un bras sorti du plafond hors champ vient tendre un vers d'eau à la voisine du dessous exténuée des infiltrations toxiques dans son appartement. La voisine vient attraper la main qui tend le verre et elle disparait (est apirée) à travers le trou par un bras cette fois ci amical.

TML signe ici une de ses meilleures réalisations !

Atchoum ! Gesundheit !

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le 12 juil. 2014

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yhi

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