On vante énormément les qualités de The Host et sur SensCritique, certains membres explosent quand il s’agit de ce film. Délibérément fun ou bien futile ? Film tout en suspense ou bien sur plein de rebondissements en tous genres ? Le résultat est tout en demi teinte pourtant et si le film a certaines qualités, il dénombre certains défauts qu’il faut savoir éviter dans un film de genre.
On est en plein dans une série B, dès la scène d’ouverture avec le déversement de produits toxiques à Séoul et on comprend bien vite que cela va donner naissance à un monstre. Sans savoir s’il s’agit d’une rivalité avec leurs confrères japonais (dont on sait qu’ils ne s’apprécient pas forcément politiquement), on peut comprendre qu’on va avoir droit à un ersatz de Godzilla, façon déjantée mode asiatique.
Les héros n’en sont pas, ils sont bêtes, fainéants ou alcooliques, vieux ou ratés, la famille perd la plus jeune après une scène d’invasion du bord de fleuve par la grosse bête assez jouissive. Des ralentis bien utilisés, de l’absurde à bon escient, on nous promet un film finalement assez hors normes et plutôt bien maîtrisé. Bong Joon-ho ne cherche pas spécialement l’effroi mais plutôt l’humour noir, l’acidité : critique de la famille et de la figure du père, d’une société entière qui se regarde plutôt que d’observer et préfère gober les mensonges gouvernementaux plutôt que de comprendre l’origine réelle du problème.
Jusque là tout va bien. Seulement le film commence très (trop ?) vite à trainer et le réalisateur doit le savoir puisqu’il ne cesse de lancer de nouveaux rebondissements et autres deus ex machina sans grand intérêt. Si bien que l’ennui s’installe et que comble de l’horreur – on n’est pas effrayé le moins du monde. Quand on avance qu’il y a là plusieurs niveaux de lecture, c’est vrai. Mais pour autant, les arguments, les idées n’en valent pas vraiment la peine. La critique du capitalisme est là – comme dans à peu près tout ce qui peut se produire ces dernières années et elle est plutôt bancale ; le gouvernement cache la vérité à une population crédule – déjà fait, refait, réchauffé, décongelé et même avarié ; on en passe d’autres, d’ailleurs.
Et même le côté fun perd son attrait dès lors que la scène d’ouverture est passée. On finit par ne plus vraiment espérer que la fillette soit saine et sauve et lors du final assez mal mené (on taira les évènements, pour ne pas gâcher la vision à d’éventuels futurs spectateurs), on n’est même plus surpris. C’est lent, ça manque de rythme, ça n’a pas vraiment de charme. Ça ne s’assume pas vraiment pour ce que c’est – un divertissement – pire, ça se prend parfois au sérieux. A force de vouloir contenter tout le monde, le réalisateur perd le fil de son histoire et l’unité n’est plus. On essaye d’effleurer un sujet grave en y incorporant une dose d’absurde et d’humour mais à la place on détruit le récit.
Une suite a été faite mais pour autant était-ce vraiment utile ? Réponse en 2013 pour ceux que ça intéressent. On en restera là sinon.