Les jeunes cinéastes de Corée du Sud me sont très sympathiques. Sauf Lee Si-Myung parce que 2009 : Lost Memories était une sacrée sale merde et Park Chan-Wook parce qu'il reste l'homme d'un seul film : JSA, son premier...

Bref, pour le reste, même quand un film Sud-Coréen ne me plaît qu'à moitié, il reste le plus souvent cent coudées au dessus de la mêlée générale en matière d'originalité et de formalisme.



C'est exactement le cas de The Host, que j'ai découvert sur le tard : hier soir sur Arte. Ça faisait un moment que j'avais envie de le voir, mais j'étais jusque là passé à côté. Déçu, j'étais. D'une manière générale, je lui reproche son excès de stylisation formelle et sa narration elliptique qui fait qu'on n'a aucune empathie pour qui que ce soit. Si l'effort est louable, de changer la donne au sein d'un Kaiju-Eiga-sauce-Bibimbap, le résultat sur moi est des plus pénible : je me sens face à une horde de figurants sans importance qui affrontent un monstre qui ne me provoque aucun émoi. J'ai regardé le film calé dans mon fauteuil, un sourcil constamment levé, tel un anthropologue affable : " Ooh quel joli plan... qui est ce Monsieur ? "


Ce côté intello est revendiqué dans le contenu : Bong Joon-Ho injecte dans son film une fable sur les parias et les ramifications sociales d'un pays micro-managé par une puissante multi-nationale ( ici, les Etats-Unis )
Il est à noter que les meilleures scènes de District 9 sont à mon sens directement pompées sur The Host. Le papa-poule un peu neuneu qui se fait tester par une bande d'enculés en blouses blanches, poussant des haut-cris avant d'utiliser sa particularité physique altérée pour s'enfuir ?... Un peu trop proche pour être honnête, d'autant que ce genre de scène n'était pas dans le court métrage Alive in Joburg qui est à l'origine de District 9.



Mais bon je divague...

Revenons à The Host.


Hélas la fable sociale décrite plus haut est d'une faiblesse consommée, et ne remplit que 20% du métrage. N'est pas Battle Royale 2 qui veut ! Le reste du temps c'est coups de fusils et gros plans sur une fillette terrifiée qui, même superbement photographiés, n'ont rien d'original en eux-mêmes. Et comme je ne ressens rien pour quiconque, j'ai fini par trouver le temps long.


L'affrontement final ne vient même pas égayer ma personne. L'increvable monstre se fait tuer comme un con à coup de molotovs et une barre de fer.
J'entends déjà Gad Elmaleh : "La barre de fer !!"


Et en plus son espèce de MacGuffin du virus introuvable-machin-chose n'est même pas résolu in fine, ce qui montre à quel point Joon-Ho en avait quelque chose à foutre...



Mais bon, comme je le disais dans mon premier paragraphe, malgré l'absence manifeste de réussite, le film est toujours plus original et poussif que ses contemporains, et par conséquent je ne saurais m'énerver dessus bien longtemps...

Reste que Save the Green Planet lui tient la dragée haute...


mikeopuvty
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le 1 oct. 2011

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Mike Öpuvty

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