Quand Larsy & Jack se (te?) fendent la poire

Un réalisateur que je connais très bien, pour un genre que je connais plutôt bien, mais dans un exercice que je connais bien moins: l'offrande d'une critique constructive et avisée sur un film ''d'auteur'' qui ne l'est pas vraiment.


Mesdames, Messieurs, l'heure est grave car je ne puis vous offrir que mon expérience, plus qu'une de mes ébauches habituelles pseudo-objectives et pour cause, le chemin que prend ce film a dû en décontenancé plus d'un. Moi le premier. On me vendait un truc dégueulasse, qui a fait fuir des spectateurs pendant les séances dans différents festivals, et bla, et bla, et bla. Quand les saintes nitouches amateurs de masturbation cinématographique indé à coup de Haneke, Godard et autres, tombent sur Lars Von Trier, ça met forcément en émoi. Et pourtant... pourtant. Est-ce que ce film peut vraiment être considéré comme un film d'auteur au sens strict? Vous l'aurez deviné. Oui et non.


Lars Von Trier a toujours eu un style bien à lui, parfois bien crade, souvent incompréhensible à part pour lui (et encore) et dans une provocation sans relâche. Et pourtant... pourtant. The house that Jack built est sûrement le moins Lars Von Trier qu'il m'ait été donné de voir, ni le meilleur, ni le moins bon, mais celui dont je me suis le plus délecté, sans le moindre doute.


Dans la salle, lors de la séance, il y avait quelques petites vieilles, des vieux, un couple plus âgé, et deux jeunes un peu perdus. Au deux tiers du film, on était plus que 5 sur une douzaine au début. Pourquoi? Tant de variables à prendre en compte: le film peut choquer sur certaines scènes et son humour reste difficilement accessible, il terminait tard, il est plutôt long etc... Mais son humour... Son humour ma parole. Et pas besoin d'être tordu (plus que ça). Je me suis FENDU la poire tout le film. Tout est drôle, Lars l'a voulu, ça crève les yeux, et le thème choisi en fait un film absolument délicieux. Et pour cause...


La narration, ou plutôt le fil conducteur choisi, est à mon sens le succès du film pour ma propre expérience. Se basant sur des ''incidents'' tout au long de la vie de Jack, ceux-ci sont dans des mesures différentes drôles d'une manière ou d'une autre. Le caractère psychopathe maladroit, les situations grotesques, le film en devient parfois une caricature de lui-même qui n’entache qu'à peine le caractère grave du thème abordé. Au final, il y a des scènes un peu crades, oui, mais personne ne s'offusquent de voir des milliers de gens mourir dans des superproductions hollywoodiennes, ni même de voir des juifs entassés et gazés sous couvert de films pseudo-historiques. A quoi sert le cinéma, par qui, pour qui, et que peut-on en voir? En tout cas, sur cette question, je ris à gorge déployé des éplorés qui seront choqués par ce film qui n'est qu'à peine (et encore) provocateur.


Puis le film s'approche de sa fin, et Larsy reprend le dessus. Les plans louches et incompréhensibles qui lui sont typiques, les petites références à ses anciens films, la ligne droite finale et mindfucked du film qui sera discutée à outrance par la plèbe mais je laisse ça à des gens qui se feront plus de mal que moi là-dessus. Ça m'a fait plus rire qu'autre chose, en me rappelant qu'on avait bien un film d'auteur sous les yeux, ou presque. Le petit bonus avec le générique de fin, qui d'abord t'explose à la gueule comme une bombe atomique, avant, là aussi, de te rappeler le caractère burlesque et faussement inavoué comique.


En résumé, c'est un film bien plus accessible que ses autres films, d'une très belle facture avec des acteurs en béton, des décors et des plans magnifiques, et une histoire qu'on peut prendre dans le sens que l'on veut, sérieusement ou pas (je vous conseille les deux!). Mais ne pas en rire serait une offense à Von Trier qui y a mis du sien, et c'est rare qu'on puisse se marrer de la sorte sur un de ses films. Je dirais même que je ne m'étais pas autant marré depuis... je sais pas belle lurette.
Allez-y, marrez vous un coup, et n'oubliez pas de faire un petit clin d'oeil à Ray pour moi.

Gaël_Pow
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le 31 oct. 2018

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