A l’image de l’employée qui investit les lieux prestigieux de son nouvel emploi, on se laisse rapidement prendre par l’atmosphère classieuse de The Housemaid. Cadrages superbes comme seuls les asiatiques savent les gérer dans l’architecture épurée qu’est la leur, composition des plans mettant en valeur les horizontales d’une demeure démesurée, plans obliques, plongées écrasantes ou contre-plongées fascinantes concourent à hypnotiser le spectateur en guise de teasing, avant de lui asséner une dose d’érotisme assez torride pour s’assurer de sa pleine et entière attention. La maitresse est fraiche et jeune, le maitre classieux, le vin rouge et la baignoire au design impeccable. On ne s’étonne guère de voir tout cela évoluer vers des ébats qui cadrent parfaitement avec ce catalogue de luxe sur papier glacé, en attendant de voir l’ébauche d’une véritable intrigue se mettre en place.


Force est de constater que c’est là que le bât blesse. Si le rapport ambigu entre maitre et esclave fonctionne un temps, les ressorts narratifs font basculer la dynamique générale dans un soap assez indigeste, à grands renfort de grossesses, d’accidents, de belle-mère machiavélique et de jalousie larvée. On se désintéresse assez rapidement de ces ficelles grossières, avec le regret de constater que l’esthétique imparable des débuts est toujours à leur service.


Certes, le raffinement coréen reste de mise, (décidément, après Locataires, il est intéressant de constater des constances dans leurs perversions, notamment via leur utilisation des clubs de golf…) et l’ensemble reste honorable, mais la lassitude finit tout de même par l’emporter, n’en déplaise au final grotesque et poseur qui joue la carte de l’image choc pour continuer à mériter son statut de film audacieux, à savoir une pendaison/torche humaine pour le moins inefficace.
Savoir filmer est une chose ; avoir quelque chose à dire une autre.

Sergent_Pepper
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Plastique et formaliste, Social, Erotisme, Portrait de femme et Vus en 2015

Créée

le 7 juil. 2015

Critique lue 1.3K fois

25 j'aime

2 commentaires

Sergent_Pepper

Écrit par

Critique lue 1.3K fois

25
2

D'autres avis sur The Housemaid

The Housemaid
Truman-
7

Critique de The Housemaid par Truman-

J'ai pu constater à droite et à gauche que "The Housemaid" se faisait descendre, souvent qualifié de coquille vide et soporifique à l'aspect faussement érotique . Et je dois dire que ça aurait été...

le 13 mars 2014

19 j'aime

3

The Housemaid
BrunePlatine
9

La servante écarlate

Je déclare solennellement la guerre à tous ceux qui ont eu le mauvais goût de mal noter ce film. Qu'il s'agisse de la qualité du scénario, de la mise en scène éblouissante, du mélange des genres ou...

le 20 juil. 2017

14 j'aime

3

The Housemaid
Gand-Alf
5

Rapport de force.

Film fondateur du cinéma sud-coréen, "La servante" aura donné lieu à une relecture cinquante ans plus tard par Im Sang-Soo, cinéaste remarqué entre autre pour son incroyable "The President's last...

le 17 juin 2014

12 j'aime

Du même critique

Lucy
Sergent_Pepper
1

Les arcanes du blockbuster, chapitre 12.

Cantine d’EuropaCorp, dans la file le long du buffet à volonté. Et donc, il prend sa bagnole, se venge et les descend tous. - D’accord, Luc. Je lance la production. On a de toute façon l’accord...

le 6 déc. 2014

765 j'aime

104

Once Upon a Time... in Hollywood
Sergent_Pepper
9

To leave and try in L.A.

Il y a là un savoureux paradoxe : le film le plus attendu de l’année, pierre angulaire de la production 2019 et climax du dernier Festival de Cannes, est un chant nostalgique d’une singulière...

le 14 août 2019

700 j'aime

50

Her
Sergent_Pepper
8

Vestiges de l’amour

La lumière qui baigne la majorité des plans de Her est rassurante. Les intérieurs sont clairs, les dégagements spacieux. Les écrans vastes et discrets, intégrés dans un mobilier pastel. Plus de...

le 30 mars 2014

615 j'aime

53