Tromperie sur la marchandise, l'affiche a l'élégance porcine d'un Seul contre tous mais son contenu est en fait une grosse farce guerrière qui ne mérite en aucun cas toutes les accroches putassières et commerciales placardées de tous les côtés. C'est une farce, une comédie à prendre au 100ème degré, mise en scène par un réalisateur à la patte anonyme.


Aucune excuse non plus pour son casting en back office, qu'importe son prestige. Le discours soit disant acerbe est twisté par un petit malin exaspéré par la politique de son pays, incapable de trouver le ton, la justesse nécessaire à la bonne transmission du message. Mettez la meilleure des volontés à vouloir faire de ce battle royal un brûlot acerbe de la politique des Etats-Unis, vous n'y arriverez jamais si les personnages n'ont pas l'épaisseur nécessaire. Vous n'y arriverez pas non plus si vous avez la sensation d'être en face une toute petite production format série B (les 90 minutes réglementaires sont ici respectées à la seconde près) avec son cahier de charges typique. The Hunt bâcle déjà son sujet dès son introduction nanardesque, efface ses protagonistes un par un, méchants, gentils, gentils en fait méchants, à la chaîne comme dans un abattoir. La métaphore du porcelet a la finesse d'une enclume.


Et puis, la glorification du personnage d'Athena incarnée par une Hilary Swank venue cabotiner et montrer qu'elle manie encore assez bien les gants de boxe. La caméra commence par la filmer de dos pour maintenir le suspense. Qui est donc cette brune filiforme? Puis tournoie légèrement jusqu'à ce que l'on découvre son visage. Quel suspense. On comprend alors les véritables enjeux de cette chasse à l'homme orchestrée par cette dernière mais la conclusion est navrante.


Passées les exécutions et autres mises à mort spectaculaires mais qui n'ont rien de "scandaleuses" pour quiconque a été immunisé dans sa jeunesse par Braindead de Peter Jackson, ou n'importe quel film gore, les accélérations invraisemblables du scénario (Crystal se téléporte d'un endroit à un autre) amènent le film rapidement vers un climax calqué sur l'introduction hyper nerveuse et remarquable de Kill Bill vol.1 de Tarantino, réalisé il y a plus de 15 ans, filmée cependant ici avec une étonnante mollesse.


On apprendra rien de bien intéressant ni de subversif ici, soyons sérieux. Sauf peut-être que le couteau à pain est préférable dans la découpe des tomates ou que le gruyère est meilleur que le cheddar en cuisine parce que plus crémeux.

XavierChan
3
Écrit par

Créée

le 2 avr. 2020

Critique lue 3K fois

29 j'aime

12 commentaires

XavierChan

Écrit par

Critique lue 3K fois

29
12

D'autres avis sur The Hunt

The Hunt
Ketchoup
8

Y a la bonne chasseuse et puis y a la mauvaise chasseuse.

"Au fond, c'est quoi la différence? -La mauvaise chasseuse, c'est la meuf qu'a un fusil, elle voit un truc qui bouge, elle tire. -Et la bonne chasseuse? -La bonne chasseuse, c'est la meuf qu'a un...

le 4 juin 2020

46 j'aime

15

The Hunt
drélium
8

Cochon qui s'en médit

Bon, faut que j'en dise un mot quand même parce que ça fait longtemps que j'ai pas kiffé un film de ce goût là autant que celui-là. J'ai entendu le buzz comme quoi il fallait voir cette bisserie...

le 3 avr. 2020

34 j'aime

21

The Hunt
EricDebarnot
7

Le f*** lièvre et la f*** tortue !

On le sait, le monde entier - avant même la crise du coronavirus - sombre. Dans la haine des classes, dans le populisme. Dans la violence. Et, toujours en avance sur le reste de la planète, avec...

le 5 avr. 2020

30 j'aime

Du même critique

The Hunt
XavierChan
3

Critique de The Hunt par XavierChan

Tromperie sur la marchandise, l'affiche a l'élégance porcine d'un Seul contre tous mais son contenu est en fait une grosse farce guerrière qui ne mérite en aucun cas toutes les accroches putassières...

le 2 avr. 2020

29 j'aime

12

Yi Yi
XavierChan
10

Critique de Yi Yi par XavierChan

Yi Yi sonne comme le chef d'oeuvre du cinéma taïwanais des années 2000, le film-somme d'un cinéaste parti trop tôt, qui avait encore tant à apporter à l'édifice qu'il avait lui-même bâti au cours des...

le 27 févr. 2011

21 j'aime

4

The Velvet Underground
XavierChan
9

Critique de The Velvet Underground par XavierChan

Tout le monde, à part la bande de camés du coin, pensait le Velvet définitivement enterré dans les limbes de l'insuccès commercial, creusant tellement profondément leur propre tombe qu'ils ne...

le 23 déc. 2011

19 j'aime

2