Une histoire vraie de con, j'ai l'acteur !

The Iceman, c’est encore la preuve qu’il ne faut pas faire confiance aux bandes-annonces. C’est vendu avec une esthétique noire à la James Gray, une pincée de Cogan, et un pitch tiré d’une histoire vraie qui peut a priori paraître intéressante. C’est bien. Mais c’est faux.

Je ne me ferai plus avoir…jusqu’à la prochaine fois.

En soi, ça se laisse regarder. Shannon à la gueule de l’emploi, bien anguleux, bien brut, bien froid, limite animal, ça le fait bien. Ryder vieillit bien, surtout en chemise de nuit. Ça rattrape presque le fait que son personnage est soit aveugle, soit sourd, soit déficient mental ; ce qui expliquerait qu’elle ait pu vivre 20 piges sans se douter de rien avec un doubleur de films Disney qui devient riche comme Cresus en trois semaines, pète des câbles de schizophrène en phase aigüe, reçoit des individus louches, a apparemment le droit exclusif de répondre au téléphone, a des amis louches aux passés troubles, qu’elle ne l’ai jamais vu sur le lieu de son travail ni fréquenté ses collègues, qu’elle ne s’est jamais demandé pourquoi ses filles n’avaient pas de grands parents paternels, d’où viennent les sommes d’argent liquides importantes qu’elle trouve dans ses vêtements.

Par exemple.

Je disais donc que ça se laisse regarder tout de même. C’est tâcheronné pas trop salement, même si des cachetonneurs (in)opportuns agacent fréquemment en montrant leur tête pour pas grand chose au final (Franco, Schwimmer, Dorff…).

Moi ce qui me dérange, hormis les postiches grossières et la reconstitution en carton, c’est plutôt qu’on se contente de torcher l’histoire sans chercher à étayer un peu la psychologie du personnage titre. Pourtant il me semble potentiellement propice à ce qu’un scénariste —qu’il ait envie de romancer ou de documenter— se fasse plaisir sans se contenter de rester dans le démonstratif indigent dénué d'épaisseur ou de réelle nuance (j’ai dit nuance, pas « quand il est avec sa famille il est gentil, et quand il tue des gens il est pas gentil »).

Putain mais pourquoi ? Quand ? Comment ? Depuis quand ? Jusqu’à quand ? Dans quel état j’erre ? C’est ça qui est intéressant, même —ou surtout— dans un récit qu’on sait balisé par ses origines historiquement vérifiables. En plus, ça se permet de shunter complètement le face à face entre l’homme et ses actes vis à vis de sa famille.

Le problème de The Iceman vient aussi du fait qu’il semble se reposer uniquement sur ses têtes d’affiches. Certes, Shannon en impose, et Liotta fait ce qu’il faut, mais ça ne suffit pas forcément pour porter une histoire en définitive sous exploitée de bout en bout. C’est pas franchement mauvais, mais c’est loin d’être la promesse vendue.

Je me suis peut être un peu fait avoir par la bande annonce, mais imaginez Wynona ; elle c’est pire, The Iceman l’a prise pour une cône pendant vingt ans.

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le 7 juin 2013

Modifiée

le 7 juin 2013

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real_folk_blues

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