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Film-fleuve, film-testament, apothéose scorsesienne : The Irishman était un peu annoncé et/ou attendu comme le chant du cygne du Cinéma de Marty, Bobby, Al, Joe et les autres... Résultat : une grossière déception doublée du sentiment de complaire absolument aux attentes des fans de Martin Scorsese, tant cette ultime peinture du crime organisé condense toutes les composantes, tous les archétypes et toutes les thématiques de son Oeuvre.


Cas de conscience, violence imprévisible, bande-son mêlée de blues et de rock'n'roll, dimension psychologique très prononcée des personnages... Difficile de ne pas éprouver une désolante sensation de déjà-vu ainsi qu'un cruel sentiment de réchauffé au regard de The Irishman : entre le morphing dégueulasse du faciès de Robert De Niro indécemment rajeuni pour l'occasion, la photographie netflixienne outrageusement manucurée ou encore les gimmicks de narration et de stylisation du réalisateur la redondance scorsesienne atteint ici ( et presque pour la première fois ) ses terribles limites.


Faire du neuf avec du vieux provoque rarement du bon cinéma, et The Irishman en est la preuve emblématique. Plus un fantasme de fanboy qu'autre chose cette élégie des dernières heures de la mafia italo-américaine revue à travers le prisme de la filmographie du cinéaste ( Goodfellas et Casino beaucoup, Taxi Driver et Raging Bull parfois, Mean Streets un peu aussi...) n'a que peu ou prou de charme, plombée entre autres choses par le cabotinage poussif de Pacino et l'absence totale d'audaces artistiques de la part de Scorsese...


Certes l'ensemble se laisse suivre facilement, pas réellement ennuyeux d'un bout à l'autre mais terriblement convenu et raté dans son enrobage formel ( notamment un usage du slow-motion absolument hideux évoquant presque le pire du cinéma de Zack Snyder ). Un film efficace mais poussiéreux dans le même temps qui s'avère être une fausse bonne idée de la part de Martin Scorsese, pourtant jusqu'alors capable de se réinventer à chaque nouveau film et de survivre admirablement au Nouvel Hollywood... Un ratage.

stebbins
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le 5 janv. 2020

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stebbins

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