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un horrible monstre italo-irlandais, mi-Shrek, mi-John Wayne, avec des yeux de Fremen....

On n’aime plus trop Martin Scorsese depuis, disons, Le Temps de l’Innocence, et à l’exception notable des Infiltrés et du Loup de Wall Street, les deux derniers films véritablement Scorsesiens du Maître de Little Italy. A nouveau, malheureusement, le pronostic se vérifie : The Irishman est un gros caca marketing.


La recette est simple : prenez des stars* et mélangez-les au bouillon Affranchis, plongez le paleron Jimmy Hoffa et laissez mijoter pendant 3h30. Ne laissez pas reposer ; ça devrait se manger tout seul.


Mais il y a un os - voire plusieurs. Comme son nom l’indique, Frank « The Irishman » Sheeran est irlandais, et la fiche Wikipédia de Robert De Niro indique qu’il a 76 ans. Il est donc difficile, voire impensable, de lui faire jouer le rôle d’un irlandais aux yeux bleus à 20 ans (dans l’armée), à 30 ans (chez les camionneurs), à 40 ans (dans la mafia des Teamsters). Mais ça ne gêne pas Scorsese, qui s’est entiché de Méliès et des trucages depuis qu'il a réalisé la bouse Hugo Cabret. Il passe donc le grand Bob (et les autres) à la moulinette 3D. Ce qui donne un horrible monstre italo-irlandais, mi-Shrek, mi-John Wayne, avec des yeux de Fremen.


Le résultat est absolument cauchemardesque, alors qu’il eut suffi de prendre trois comédiens pour jouer le rôle. Et Pacino retouché n’est pas époustouflant non plus…


The Irishman est en plus très long, d’autant plus que c’est un copier-coller des films précédents de Scorsese qui étaient, eux, beaucoup plus musclés : voix off qui raconte tout, arrêt sur image avec date et circonstances du décès, musiques fifties, etc. Du pur Scorsese : le public (et Netflix**) en auront pour leur argent…


On sauvera néanmoins deux choses : une très grande performance de Joe Pesci, à qui l’on confie enfin un rôle posé et tragique. Et les vingt dernières minutes, pure tragédie grecque, où De Niro, impassible, est condamné à faire l’impossible.



  • C'est la réunion que tout le monde attendait (De Niro/Pacino/Pesci), oublier que depuis Heat, les rencontres Pacino/DeNiro n’ont pas donné grand-chose, sans parler de leurs efforts solos.

    ** Le seul intérêt pour Netflix dans ce genre de coup marketing étant de générer des abonnements, peu importe l’accueil, critique ou public, du film.


cinefast

ludovico
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le 19 févr. 2020

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ludovico

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