Quand on déborde de talent, on peut choisir entre filmer mieux que quiconque, ou filmer comme personne. Michael Winterbottom filme comme personne ! C'est ce qui lui permet de bâtir une filmo éclectique, et me rendre des projets complètement inintéressants comme The Claim tout à fait abordables. Entier, intransigeant, extrémiste parfois ( 9 Songs ) Le voilà qui nous revient avec son petit dernier.


Démolie par un grand nombre de critiques sur de mauvaises bases, cette adaptation de Jim Thompson est une réussite : la noirceur douce-amère qui débouche sur une pincée de débordements de violence est là. Rejeter le film parce qu'il est ( et je cite ) : " malsain, misogyne, ultra violent... " c'est aussi con que de dire : " Amadeus c'est nul, y'a trop de musique. "
Alors oui, il n'y a que deux personnages féminins (l'une conne, l'autre pute) et le même sort leur est réservé, et il est pas tendre... mais s'il y a un misogyne dans la pièce, c'est pas Winterbottom ! Je rappelle qu'il filme comme personne, et ça inclut les femmes. Certes, des archétypes, mais à qui il confère une fragilité toute humaine, donnant lieux à bien de jolis gros plans et des scènes à fleur de peau tout à fait maîtrisées.



Avec une lumière et un découpage faussement hésitants, il filme son histoire comme s'il la volait. Comme si on lui avait permis de voyager dans le temps avec une caméra, une potion d'invisibilité et une certaine modernité pour rapporter ce récit hautement singulier : les tribulations d'un proto-serial-killer des années 50, à peine assez intelligent pour fomenter de mauvais coups, mais pas assez pour s'en tirer.



Pour la deuxième fois de sa carrière, Casey Affleck campe un mec qui s'appelle Ford et qui évolue vaille que vaille dans un monde qui n'est pas fait pour lui... Sa carrure et son timbre de voix lui interdisant à jamais de jouer les jeunes premiers, il semble préférer les parias, les vilains, laissant à son demeuré de frangin le soin d'être la belle gueule de la famille. Je ne pense pas que son registre soit bien plus grand, mais au moins il choisit ses films avec plus de soin... Et ne va pas jouer des rôles qu'il ne remplirait pas. ( Sans déconner, Daredevil, quoi... )



Les deux filles sont plutôt bonnes, tout comme le reste des seconds rôles, Elias Koteas et Tom Bower en tête. A noter une apparition fugace de Bill Pullman haute en couleur.

Bref, voilà un petit film sympa qui a injustement reçu une volée de bois vert...


J'vais quand même revenir un peu à la charge, après coup, pour déclarer que la toute fin ne m'a pas franchement botté.
Déjà j'ai pas compris pourquoi la maison explosait : elle aurait du s'embraser, pas voler en éclats !
Et puis ils n'ont aucun odorat les flics ? Putain, Casey il a arrosé le salon de cinq gallons de combustible, ils sont pas fins les gars...
Bref, oui, les cinq dernières minutes en souffrent terriblement.

mikeopuvty
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le 1 oct. 2011

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Mike Öpuvty

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