Karim Debbache en parlait dans sa défunte chronique Crossed, mais son analyse n'allait pas bien loin, donc je voulais me faire ma propre idée de ce film. Et le principal problème est le suivant : le montage est tellement dramatisé que je ne sais jamais ce que je regarde : un documentaire ? une reconstitution ? une fiction ? Difficile à dire.

En gros, c'est un duel entre deux champions de "Donkey Kong" (la borne d'arcade qui a sauvé Nintendo). D'un côté, une sorte de Chuck Norris géant, Billy Mitchell, superplayer star des années 1980, qui porte une cravate avec le drapeau américain, a fait fortune dans la sauce pour poulet et a subjugué un certain nombre de fans par son charisme de Dark Vador. De l'autre, Steve Wiebe, un inconnu outsider avec la gueule de Mark Hamill, qui joue dans son garage et envoie une cassette où il dépasse Mitchell à Twin Galaxies, une association bénévole qui tient le compte des records pour les jeux les plus anciens. Twin Galaxies est tenue par un autre personnage coloré, Walter Day, barbe grise, yeux éblouis par la méditation transcendantale, et guitare folk à la main.

On suit de nombreux rebondissements, la tension venant du fait que Mitchell essaie de pourrir Wiebe en utilisant ses fans. Mitchell conteste d'abord la réalité de l'enregistrement. Wiebe se déplace donc à Funspot, la Mecque des jeux d'arcade. Wiebe y va. Un des gardiens de la salle, Brian Kuh, appelle aussitôt Mitchell. Wiebe arrive jusqu'au kill screen, mais avant, Kuh met la pression en rameutant des gens. Au moment où Wiebe brise le score de Mitchell devant tout le monde, une petite vieille apporte une cassette de Mitchell dans laquelle ce dernier passe la barre infranchissable des 1 000 000 points (la barre de score revient à zéro). Avec des hésitations, Twin Galaxies l'homologue. Par la suite, Wiebe revient, avec toute sa famille, pour participer à un marathon pour le Guiness Book, mais n'arrive pas à dépasser son record. Mitchell fait une apparition et lance un sarcasme au passage, mais n'entre pas dans la compétition.

Trop de dramatisation, comme je disais. On a des interviews à la pelle de gars qui commentent pour bien rappeler les enjeux, mais à moins que deux équipes de 10 caméramans aient suivi chaque protagoniste 24/24, il est impossible d'avoir des images qui collent aussi bien. La dernière image, montrant Wiebe continuant à jouer dans son garage tard dans la nuit, puis éteignant la lumière, est trop iconique pour passer. Personnellement, je trouve que ce symbolisme propre aux documentaires américains manque d'authenticité, et on soupçonne souvent que tout est simplifié.

Reste, comme le soulignait Debbache, un éclairage bienveillant sur le monde des vieux gamers (ce mec à la petite moustache qui utilise des gants d'haltérophilie pour jouer à "Marble Madness" !), et une galerie de personnages colorés, mais dans quelle mesure a-t-on embelli, grossi les choses ? Difficile à dire, et c'est ça qui me chiffonne. J'ai l'impression d'être manipulé. Je n'ai pas besoin qu'on me raconte une belle histoire, j'ai juste envie de connaître des gens. Et là, j'ai l'impression qu'ils s'auto-caricaturent un peu puisqu'on leur donne la chance de les porter à l'écran.

Un docu au sujet original, mais dont j'aimerais voir un making of pour en juger vraiment l'honnêteté.
zardoz6704
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le 4 mai 2014

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zardoz6704

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