Je me suis procuré et regardé le Blu Ray de chez Carlotta (dont la copie est magnifique) parce que j'ai envie de me faire quelques bons polars et films de gangsters années 80, par conséquent je voulais découvrir Ferrara qui semble avoir fait quelques perles bien dark et urbaines durant la période. Du coup, après avoir regardé Scarface (chef-d'oeuvre) et Police Fédérale Los Angeles (décevant), je m'attaque à "King of New York", un des films les plus reconnu du réalisateur. Résultat, c'est une douche froide.


D'entrée de jeu, une certaine défiance s'installe: le personnage de Christopher Walken semble mal défini, mal écrit. Dès sa première scène il peine à convaincre en malfrat, sa légèreté ne cadrant guère avec un criminel endurci qui sort de prison et qui a pour ambition de conquérir la ville. Je me dit que ce n'est que le début et qu'il faut attendre que le personnage s'étoffe pour rentrer de plain-pied dans ce film au postulat ambitieux et probablement dramatique... Mais cela n'arrivera jamais.


Son personnage, Frank White, ne bougera pas d'un iota durant tout le film, passant d'un crime de sang froid à des déhanchements sur musique hip hop sans jamais susciter le moindre intérêt. Un tel projet criminel (en gros reprendre les rênes du business illégal de N.Y. en éliminant les boss des différents secteurs... pour financer un hôpital...) pourrait être la manifestation d'un égo démesuré, une ambition digne d'un mégalo, une telle violence exprimant la détermination et la froideur d'un sociopathe, bref, donner un peu de sens et de matière au personnage central du film. Et bien non.


Lui, comme le reste du casting, s'évertue à passer pour des bad guy (ou des flics intègres) sans jamais être crédibles, pire, c'est une galerie de clichés ambulants. Mention spéciale à Lawrence Fishburne en bras droit/gangsta kéké, qui en fait beaucoup trop, pas flippant pour deux ronds, et Victor Argo en vieux flic expérimenté, tout simplement mou et sans charisme, à croire qu'il s'est trompé de film.


Mais les acteurs font ce qu'on leur demande, et servent un scénario cousu de fil blanc. Ferrara me semble alors davantage intéressé par le monde vicié de la nuit que par le récit. Sans que rien ne vienne vraiment justifier cela dans le scénario, on se retrouve régulièrement devant des scènes d'orgies de gangsters, avec musique à fond, coke et filles faciles, comme s'ils ne faisaient que ça de leur temps. Une assez pauvre description de la faune urbaine, tellement clichée qu'elle n'occasionne aucun intérêt, au mieux une certaine gêne pour les acteurs qui ne devaient pas se sentir à leur avantage durant le tournage.


Toute cette histoire étant quand même un peu folle, comme on pouvait s'en douter, cela fini avec pas mal d'hémoglobine, mais comme je n'en avais pas grand chose à faire de tout ces personnages (je dirais même que j'avais hâte que cela se termine), cela ne m'a fait ni chaud ni froid. N'est pas De Palma, Scorsese ou Coppola qui veut. Du coup, pour les perles noires de Ferrara des années 80, je crois que je vais attendre un peu.

McReady
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le 7 sept. 2019

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