The Land Of Hope est à la fois un film étrange, mais en même temps très logique. Etrange parce que Sono Sion ne semble pas exactement certain de ce qu'il veut montrer, de là où il veut en venir, mais en même temps très logique parce que très cru avec ce qu'il montre.

Le film semble éminemment anti-nucléaire, et de l'aveu même de Sion, est fait pour susciter un "vif débat sur le nucléaire et l'après Fukushima". Le film transpire littéralement de cette intention, avec l'intégralité de son script tournée vers l'absurdité d'une population qui se pense en sécurité derrière des barricades et stigmatisant les gens qui osent se protéger face à des radiations qui n'ont que faire des périmètres de sécurité (à titre informatif, les essais d'EDF ont indiqué que des ballons peuvent se déplacer à près de 200 km de leur point de départ, alors que les zones d'évacuation en cas de problème sur une centrale nucléaire ne dépassent pas les 20km).
Le film est d'ailleurs particulièrement cru dans ces séquences, où l'on comprend rapidement où Sion veut en venir : ce n'est pas Yoko, qui fait ses courses en combinaison anti radiation, qui est cinglée, mais bien la population qui a fini par se résigner et vit sans se protéger. Pour autant, l'épilogue du film est ambigu sur le bien fondé de cette paranoïa : il semble déjà trop tard, la radio-activité étant déjà partout, alors faut-il chercher à tout prix à se protéger d'un mal invisible omniprésent, quitte à ne plus pouvoir vivre simplement, quitte à devenir quasiment paranoïaque ?
Il y a aussi cette crédibilité des réactions dans ces 3 générations : les jeunes qui passent outre les consignes, ceux qui cherchent à tout prix à protéger la future génération, et les anciens qui s'accrochent tant que possible à leur maison remplie des souvenirs de toute une vie.

Il y a dans ces 3 portraits un calme, une sérénité belle comme une peinture, remplie de lumière et de fleurs, que rien ne semble pouvoir interrompre, et qui tranchent avec le contexte de danger imminent et se tournent au contraire vers la clarté de l'espoir de jours plus beaux pour ceux qui survivront la catastrophe.

Pour autant, le film, bien que 2 fois plus court que Love Exposure (sic) n'en déploie pas moins un rythme assez lent, et une narration qui donne l'impression de ne pas savoir où aller. Si les personnages sont clairement définis, et tous joués par une galerie d'acteurs impeccables (Sono Sion sait clairement les choisir et les diriger, film après film), les enjeux restent flous, et le film, s'allongeant sur 2h10, finit par traîner doucement la patte. On a compris les messages, on a compris les évolutions, on a facilement deviné la fin, alors on finit par se demander : pourquoi est-ce si long à s'achever ?

Dommage, tant le lyrisme, poétique et formel, qui se dégage du film aurait pu l'emporter sur les cimes, comme un film à la fois fin sur son sujet, mais aussi profondément humain et émouvant. A trop diluer l'émotion, le film finit par errer, heureusement rattrapé par 20 dernières minutes implacables.
Remy_Pignatiell
7
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le 20 oct. 2013

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