Mazette, pour une fois que j'ai aimé une pop daube, ça mérite une explication...

Car oui, Legend of speed est une pop daube bien ciblée public ado au cœur d'artichaut, incohérente, culcul, usant de légèretés scénaristiques et d'effets popeux par gros paquets avec sa techno recyclée pseudo cool bien sucrée à 2 balles.

****SPOILER****Côté légèreté scénaristique, le petit teigneux qui débarque en Thaïlande et se choppe le sida pris à son propre piège, le père qui apprend à son fils à tourner à droite et à gauche ou Cécilia Cheung dans son attitude juste après la perte de son frère. Et tout ça pour déboucher sur un gros happy end comme si de rien n'était, c'est tout sauf réaliste !****FIN DE SPOILER****.

Mais Legend of speed réussit pourtant à être parfaitement uni entre ses envolées improbables bien chewing-gumeuses et une très belle authenticité. Legend of speed n'a finalement rien à voir avec un Fast and furious (le style pop US) comme il le laisse entendre dans sa première demi heure, c'est simplement une autre planète. Il n'a absolument rien à voir avec ce à quoi je m'attendais, c'est à dire un film de bagnoles. L'action motorisée n'a quasiment aucune importance. La bagnole même, bien qu'offrant un univers à part et sensible n'est pas le moteur du film (désolé...). A la limite, les voitures on s'en balance d'ailleurs elles sont blanches et noires, point barre, et n'ont rien d'engins hors du commun. La photo est faite à l'arrache comme pour approcher rapidement un semblant de réalisme. Les voitures ne vont pas vite (un comble !), c'est juste accéléré pour nous faire sentir une atmosphère de vitesse tiré par les cheveux. c'est encore plus flagrant en Thaïlande où la course en pétrolettes dans les rues contre des loulous locaux ne sert pas du tout à exacerber le sentiment de compétition primaire et inébranlable à ce genre de concept cinématographique mais se trouve juste là pour véhiculer une vraie sensation de ce que vit Ekin (son trouble intérieur, son amour de la course... scène très marrante prise au second degré comme tant d'autres). Et bouquet finale de la fraîcheur pop garantie, le charme de la course finale ne vient absolument pas du défi entre les deux caïds, ni de la pression, de la vitesse ou de la compétition comme on peut le voir dans les films testostéronés US. c'est du pop ! ça pétille ! c'est de la pure tranche de cœur chaud !

L'action est très minime à la vue de la totalité du film. ça marche avant tout par et pour les personnages, leur fraîcheur, leur sincérité dans le jeu, ce qu'ils vivent et c'est exacerbé par les pertes douloureuses que l'on ne voit jamais aussi brutalement que dans un film HK. Blacky Ko, père d'Ekin retiré en Thaïlande est touchant, vivant, dans sa nouvelle vie avec sa petite famille, très loin du vieux routard qui a tout vu et qu'il aurait été dans une prod US. Les parents d'Ekin (David Chiang !) soutiennent leur fils avec beaucoup de naturel. La mère de Kelly (Ha Ping !), juste là le temps d'une scène, parvient elle aussi a toucher juste en moins d'une minute. Même Ekin (si pop daubesque d'habitude) respire aussi et vit très justement l'évolution de son personnage qui va de concert avec l'évolution du film (bon, c'est quand même pas la révélation Ekin hein). Comme tout le cast, la spontanéité et la naïveté du jeu HongKongais sont omniprésentes et servent merveilleusement la continuité du métrage, le lien entre le drame et la bonne humeur chaleureuse ambiante. Cecilia, Patrick Tam et même Jerry Lamb sont vrais et enthousiastes comme les jeunes plein d'énergie qu'ils interprètent, comme si la caméra les prenaient sur le vif. Tout le cœur du film est exclusivement centré sur les relations entre tous ces personnages et tout le monde y est beau et vivant et là est la force de Legend of speed. Et donc et même dirais-je, la musique naïve HK ressort avec une force mielleuse qui enrobe gentiment les scènes bien mélo et les envolées de bravoure. L'image, le cadre sont tout à l'arrache avec des effets pops (zooms rapides et exagérés, cuts brutaux dans un même plan avec effet sonore, ralentis puis accélération du plan, etc) qui passent sans souci car ils ne maquillent pas le vide de l'action foireuse mais décorent les instants de vie. Le gnangnan se fait touchant et le vide se fait plein.

Du coup, je me suis retrouvé à arborer un petit sourire presque moqueur mais conciliant et attendri pendant une bonne partie de ce qui est indéniablement un film super popeux et bien mélo (histoire, musique, jeux vidéos, look de jeunes, amour de jeunesse, simplicité) mais aussi et surtout un film hautement authentique, sincère et direct. Du pop sans chichi, du vrai pop avec des thaïlandais qui semblent méchants et prennent finalement un pot de l'amitié et des jeunes adolescentes natures qui parlent d'un super beau mec dans leur dortoir en rigolant sans trop faire de bruit... Bluffé je suis.
drélium
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le 7 janv. 2012

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