♫ ...Fait naufrager les papillons de ma jeunesse. ♫
La décennie se termine et une nouvelle vague de cinéma de genre a lentement fait son apparition. Avec des auteurs tels que Jennifer Kent, Ari Aster, Jordan Peele ou encore – et c'est celui qui nous intéresse aujourd'hui – Robert Eggers, l'horreur au cinéma a quelque peu changé de figure, proposant autre chose que des remakes, reboots ou suites fatigantes. Un cinéma vulgairement appelé "d'auteur", plus centré sur le psychologique, le cérébral, l'ambiance, pour frissonner allégrement tout en jouissant d'une mise en scène soignée qui ne passe pas inaperçue. Après l'intrigant The Witch, Eggers revient donc pour un nouvel essai, une fois encore réussi, une fois encore déstabilisant...
Comprendre toute l'étendue de l'intrigue de The Lighthouse au premier abord serait mentir, au même titre que ses nombreuses symboliques divines, ses fines réflexions humaines et ses dialogues souvent lourds de sens mais habilement dissimulés. Scénario contenant avec évidence plusieurs niveaux de lecture, cette histoire de deux gardiens de phare vivant des semaines éprouvantes éloignés de tout et commençant à s'entredéchirer étant d'une horreur viscérale et psychologique hors normes. La discorde est présente dès le premier jour tandis que la tension monte progressivement, présentée à l'écran avec un savoir-faire académique.
Filmé avec soin dans un noir et blanc éclatant et dans un ratio 1.19:1 original et inattendu, le long-métrage s'avère prenant, pesant, étouffant, enchaînant les séquences avec lenteur et sûreté, le montage étant d'une brillante maîtrise. L'interprétation des deux acteurs principaux que sont Willem Dafoe et Robert Pattinson, tout deux impressionnants (les logorrhées interminables et poignantes de Dafoe méritent amplement le détour), reste d'une justesse sans pareille, sublimée par la mise en scène hypnotisante d'Eggers, soucieux du moindre détail. Déroutant au possible, frustrant même par son surplus de symbolisme aux questionnements multiples, The Lighthouse n'en demeure pas moins une œuvre fascinante qui revigore incontestablement le genre entre un spin-off de Conjuring et un remake féministe.
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