The Lighthouse, un somptueux cauchemar éveillé signé Robert Eggers

La critique complète du film : http://cinecinephile.com/the-lighthouse-un-somptueux-cauchemar-eveille-signe-robert-eggers/


Trois ans après son très bon The Witch (2016), le cinéaste américain Robert Eggers revient avec The Lighthouse. Une proposition de cinéma plus radicale et exigeante, dans la lignée du magnifique Midsommar d’Ari Aster, sorti cette année. Une autre proposition de cinéma radicale par un cinéaste qui compose, aux côtés de Robert Eggers et Jordan Peele, la nouvelle vague d’un cinéma de genre américain contemporain prometteur. Après le succès critique et public de The Witch, le cinéaste montre avec The Lighthouse une volonté de pousser encore plus loin la radicalité plastique de son cinéma. Tourné dans un noir & blanc expressionniste, au format 4/3, en 35 mm, The Lighthouse s’annonçait comme un objet cinématographique atypique, à l’image de cette nouvelle vague d’auteurs qui marque la promesse d’un cinéma de genre américain peu ordinaire dans sa relève.


Tout comme The Witch, le récit de The Lighthouse se déroule dans la Nouvelle-Angleterre mais cette fois-ci au XIXe siècle. On suit l’histoire de deux marins, Thomas Wake (Willem Dafoe terrifiant), un vieux loup de mer, et son second, le jeune Ephraim Winslow (Robert Pattinson fou à lié), arrivant sur une île isolée au milieu de la brume et de la mer pour garder un phare durant quatre semaines. Très vite, les deux hommes sombrent peu à peu dans la folie et la paranoïa, isolés au milieu de la mer et de ses légendes maritimes. De la même manière qu’il s’emparait du folklore de la sorcière pour dépeindre la folie d’une famille pieuse, isolée dans une ferme près d’une forêt dans la Nouvelle-Angleterre de 1630 dans son précédent film, Robert Eggers s’empare ici d’un autre folklore, celui des écrits d’Herman Melville (Moby Dick) et des mythes Lovecraftiens (Le Mythe de Cthulhu), pour dépeindre la folie de deux hommes isolés dans une maison près d’un phare dont la lumière rendrait les hommes fous. La thématique de la Folie par la croyance en un folklore populaire semble traverser l’œuvre du cinéaste qui se dessine progressivement sur ces deux premiers longs-métrages. Eggers confirme avec ce deuxième film son statut de cinéaste issu du Folklor Horror, un sous-genre qu’il partage avec le Midsommar de son compare Ari Aster, sans pour autant en atteindre la maîtrise à la fois thématique et formelle.


[...] Dans les mythes qu’il convoque et la radicalité plastique de sa mise en scène, The Lighthouse relève du travail d’orfèvre. Un brillant exercice de style où le cinéaste continue de se chercher au niveau des thématiques de son œuvre, à l’image d’un Jordan Peele qui, outre la dimension politique de son cinéma et ses gimmicks horrifiques, puise également dans une forme de folklore horrifique issu du conte (le mythe du doppelgänger avec les doubles de son Us). Robert Eggers vient assurer la confirmation de trois cinéastes avec leur seconde œuvre sortie cette année, se plaçant dans un cinéma de genre atypique et exigeant aux côtés d’Ari Aster, cinéaste à la tête de ce mouvement qui, en deux films, a déjà construit une œuvre cohérente et autonome.


Nul doute que le second long-métrage de Robert Eggers, comme son premier, nécessite plus d’un visionnage pour en saisir toute la richesse formelle et thématique, The Lighthouse regorgeant d’un folklore mythologique riche et de trouvailles visuelles folles. Le cinéaste semble construire sa filmographie sous la forme d’une anthologie horrifique qui visiterait un folklore différent à chaque long-métrage. On est donc impatient de voir quel mythe Eggers décortiquera dans son troisième long-métrage, The Lighthouse confirmant le talent d’un cinéaste de genre en pleine construction d’une œuvre et de son identité.


"Après son très bon The Witch, Robert Eggers signe avec The Lighthouse un somptueux cauchemar éveillé. Un objet de cinéma formellement atypique et exigeant, où le cinéaste confirme son talent et sa place parmi la nouvelle vague d’un cinéma de genre américain prometteur, aux côtés d’Ari Aster et Jordan Peele."

GalDelachapelle
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films de 2019 et Les meilleurs films A24

Créée

le 25 sept. 2019

Critique lue 175 fois

1 j'aime

Critique lue 175 fois

1

D'autres avis sur The Lighthouse

The Lighthouse
Sergent_Pepper
5

(ultra) Light my fire

Il se passe clairement quelque chose dans le cinéma de genre américain, et après une série de réussites réjouissantes (It Follows, Hérédité, The Witch), on est nombreux à attendre de voir se...

le 18 déc. 2019

136 j'aime

19

The Lighthouse
Grimault_
7

Sans soleil

L’affluence extraordinaire laissait déjà entendre à quel point The Lighthouse était attendu lors de ce Festival de Cannes. Sélectionné pour la Quinzaine des Réalisateurs, le film de Robert Eggers...

le 20 mai 2019

82 j'aime

10

The Lighthouse
JKDZ29
8

Plein phare

Dès l’annonce de sa présence à la Quinzaine des Réalisateurs cette année, The Lighthouse a figuré parmi mes immanquables de ce Festival. Certes, je n’avais pas vu The Witch, mais le simple énoncé de...

le 20 mai 2019

77 j'aime

10

Du même critique

Blair Witch
GalDelachapelle
6

Blair Witch 2.0

Il y a dix sept ans, « The Project Blair Witch », un petit film de genre au budget minime faisait son apparition et secoua la génération cinéphile avec un argument Marketing plutôt original pour son...

le 30 sept. 2016

11 j'aime

1