Ah ça ! Moi qui demande souvent aux films un petit peu d’audace ; moi qui exige souvent qu’on me sorte de mes habitudes ; avec ce « Lobster » je suis servi ! je ne connaissais pas Yorgos Lanthimos, si bien que je me suis tapé son univers en pleine face sans vraiment comprendre ce qui m’arrivait. Autant le dire, ça fait du bien et ça rafraichit… Mais bon, pour ce film, je dois bien le reconnaitre, l’ami Yorgos m’a un peu soufflé le chaud et le froid. Le chaud tout d’abord parce que oui c’est culotté, c’est amusant de cynisme, c’est inventif, c’est astucieux dans l’absurde… Et à dire vrai, il est difficile de dire que ce « Lobster » n’assure pas le boulot parce que, du début à la fin, il y a toujours de ces scènes sur lesquelles on peut bloquer ou crisper un sourire tellement c’est perché. D’ailleurs, le simple fait d’écrire ces lignes me fait me redemander pourquoi je ne mets qu'à peine la moyenne. Parce que bon, pour le coup, il faut vraiment le voir pour le croire, « The Lobster » est quand même excellent dans cette capacité à créer un univers totalement décalé et original, tout en sachant tenir la longueur dans la créativité, la richesse et la rigueur. Franchement, pour ça « bravo » parce que le contrat est vraiment rempli. Seulement voilà… Le fait est que je suis resté un petit peu en retrait de ce « Lobster » et cela quasiment durant tout le film. Je ne dis pas que je me suis ennuyé, mais je suis toujours resté à distance. La raison est difficile à définir me concernant. Disons que, paradoxalement, j’ai peut-être trouvé ça trop absurde, trop déconnecté de l’humain. Plonger dans l’absurde ponctuellement aurait peut-être été plus efficace sur moi. Certes, cela aurait été moins puriste, mais cela aurait eu le mérite de glisser un peu d’humanité à quoi se rattacher. Parce que du coup, au lieu d’être une expérience viscérale, ce film est resté à mes yeux une simple démonstration un peu trop abstraite, qui manquait de chair. Alors après, je ne dis pas : je suis persuadé que l’auteur s’est largement plus éclaté en agissant ainsi, et certainement que certains spectateurs sauront adhérer à cette démarche jusqu’au-boutiste. Et franchement, ce n’est pas moi qui chercherais à leur donner tort. C’est juste que parfois – bah voilà c’est dommage ! – on n’est juste pas connecté sur la même fréquence que ces auteurs de génie. C’est mon cas. Donc difficile pour moi d’encenser le film. Seulement voilà, le paradoxe veut que, malgré tout, je ne peux m’empêcher de vous inciter à aller voir ce film si vous aimez les véritables audaces cinématographiques. Maintenant, c’est à vous de voir…

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le 22 sept. 2017

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