Pas plus tard qu'hier matin, je voulais m'atteler à critiquer The Lobster, mais je me vis pris au jeu de Sens Critique, je cherchais un angle d'attaque pour faire le mec qui sait écrire sur son sujet.


J'ai voulu noyer Kenshin sous une marée de réflexions qui ne serait jamais venues autrement qu'en jouant le jeu de ne pas les convoquer obligatoirement.


S'oublier soi-même c'est peut-être se pisser dessus. Quelque part.


The Lobster nous plonge dans un monde qui peut paraître absurde, d'autant plus que les motivations des personnages quant à la recherche de l'amour le sont complètement. Mais cela est certainement dû à l'impératif de vivre en couple à tout prix.


Le pourquoi du comment en est-on arrivé là, ne sera ni abordé ni même questionné. De toute façon nous n'en avons pas grand-chose à faire.


Les célibataires doivent trouver l'âme sœur dans le temps impartis sinon ils finiront en lamantin. Ou tout autre animal de leur choix.


Mais hors du point commun de salut niet.


Et dans le camp d'en face, camp qui étrangement reste aux abords du lieu de villégiature des condamnés à la vie de couple quitte à servir de proie lors des chasses organisées quotidiennement, c'est l'inverse. La vie de couple est vivement rejetée. Violemment même. De quoi te passer l'envie de sexe oral.


The Lobster n'est pas exempt de violence, ici, on chasse les vagabonds, ceux qui refusent de se soumettre à la norme conjugale, pour gagner un peu de répit et bénéficier d'un peu plus de temps pour repartir du bon pied.


Violence psychologique d'abord. En effet comment entretenir quelques saines relations avec autrui quand on est condamné à vivre en couple pour ne pas être marginalisé ou changé en animal pour le reste de son existence ?


Violence physique à maintes reprises. Agoniser d'un suicide raté, non-assistance à personne en danger en sirotant son thé du matin, battre un chien-humain à mort à coup de pied*, frapper une enfant, proposer à maman un couteau pour occire cet individu qui vient de s'introduire dans notre nid douillet alors que nous abordions le cas épineux du poids d'un ballon de basket, taillader les bouches qui se seront embrassées, aveugler une myope histoire que ce qui les rapprochait autrefois les éloigne, opération de la rétine avec couteau pointu. [word m'indique à juste titre que cette phrase est trop longue.]


Le film à ce niveau distille cette violence gratuite, de façon fort bien dosée, renforçant toujours un peu plus le mal-être que nous avons à nous trouver spectateur de ce monde qui ne semble plus tourner très rond.


Fort de cette ambiance quelque peu malsaine, Lanthimos plante son film dans des décors d'une grande beauté, où cette forêt est constamment mise en valeur par une bonne maitrise de la lumière.


Léa Seydoux loureux.


Et par là venons-en à parler de ce qui fait tâche dans le long métrage dont je t'entretiens depuis quelques lignes déjà. Léa Seydoux, sortie d'on ne sait-où s'avère être une piètre actrice.
Je ne pense pas que tu en aies douté un jour, mais il est évident que si l'on peut juger du travail d'un réalisateur dès qu'il s'agit de diriger ses comédiens, on est en droit d'attendre des comédiens quelques savoir-faire quant à ce qu'ils prétendent être leur métier.


La critique de Rozbaum sur le très bon Trois couleurs : Bleu, t'éclairera, si tu ne vois pas de quoi je veux parler, sur le sujet.


Un bon acteur propose aussi, compose aussi, doit savoir si son intonation est juste par rapport à ce qui lui est demandé.
La scène en français entre Léa Seydoux et Ariane Labed est un catastrophe n'ayons pas peur du mot. Un naufrage. Tout l'échange sonne faux et nous sert de base pour déclarer que bordel, Léa n'est pas une bonne actrice.


Merde alors quand juste à côté on a Rachel Weisz qui frôle la perfection, ici ou aux côtés de Keitel, Dano et Caine cette année aussi, on ne peut que corroborer à mes propos.
D'autant plus quand on se trouve face à un Farrell qui est loin d'être en reste avec sa prestation. Le mystère de la carrière fructueuse de la française reste entier, et me laisse perplexe.


Enfin, le film nous renvoie inévitablement à nous même, à ceux de notre entourage qui courent perpétuellement après cet idéal de vie que serait la vie de couple.
Ah, j'admets qu'il est aisé de les regarder d'un œil condescendant ou empli de tristesse matinée d'un relent de pitié malvenue, lorsque l'on est soi-même en couple depuis plus de 10 ans, quand chaque brique posée le fut parfois dans la douleur, parfois dans la joie, mais toujours dans l'envie d'avancer avec l'autre malgré quelques défauts de point commun, mais est-ce tout ?


Le film, comme certains sites de rencontre, réduisent l'alchimie de l'amour à une somme de points communs, et si le plaisir ne venait pas de ce qui nous sépare ? Et si nos petits plaisirs personnels étaient un excellent moyen d'évasion du couple pour mieux y revenir. Et si les moments de solitude, désirés et choisis étaient le meilleur moyen d'apprécier la compagnie de l'autre, des autres ? Et s'il nous fallait palper le vide pour aimer le plein ?


Le film se place alors comme un miroir sur notre conception des relations de couple, et en cela il est non seulement une réussite, mais une brillante satire de la recherche du bonheur coûte que coûte, fut-il factice, nécessita-t-il que l'on s'éclate le nez sur une table d'appoint.



xoxo



*Que tu ne confondras pas avec cou-de-pied, merci.


Appendice.


Le film nous gratifie d'une scène dont l'érotisme est extrêmement réussi et donc d'autant plus louable qu'il met en scène un derrière qu'on aimerait voir se frotter sans retenue à notre pénis sous notre caleçon, le derrière étant joliment emballé dans un écrin d’élasthanne je présume, ça ne fait qu'ajouter une dimension fétichiste au plaisir visuel à défaut d'être tactile. Diantre j'ai envie de revoir le film et de passer cette scène en boucle.

Kenshin
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le 11 nov. 2015

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