Dans un futur proche, il faut être en couple pour être autorisé à vivre en ville. Les célibataires sont envoyés dans un hôtel où ils ont 45 jours pour trouver un partenaire avec lequel ils ont un point commun. Afin d’augmenter ce délai, ils sont encouragés à abattre les personnes seules vivant dans la forêt. Mais une fois le temps imparti écoulé, s’ils n’ont pas trouvé l’amour, ils seront transformés en l’animal de leur choix…


Clairement, ce film ne plaira pas à tous le monde. Certains spectateurs présents à notre projection ont d’ailleurs quitté rapidement la salle. Mais pour moi, ce film est un coup de cœur total.


Au même titre que l’univers dans lequel il se déroule, son humour est totalement absurde. S’y ajoutent des sursauts de violence totalement gratuite et déroutante, qui en accroît l’aspect déconcertant, et une perte totale de repères tant la logique de la société et des personnages observés est outrancière. C’est ainsi que je me suis retrouvée à rire nerveusement face à certaines situations malsaines mais qui paraissent totalement logiques pour les protagonistes de l’histoire.


Les personnages n’ont aucune profondeur : la femme sans cœur, la femme aux biscuits, la directrice de l’hôtel, le fille aux beaux cheveux… Caractérisés par un détail, leurs discussions sont des successions de platitudes déclamées d’un ton monocorde. C’est d’ailleurs pourquoi, pour la première fois, je n’ai pas trouvé Léa Seydoux insupportable dans un rôle. Oui, c’est méchant.


De ce manque total de personnalité, les éléments qui lient les personnes semblent tellement insignifiants que leur recherche de points communs ressemble à une quête aberrante. On en revient toujours à l’absurdité.


Un des aspects du film que j’ai adoré est l’antithèse des deux groupes « idéologiques » : alors que le monde des couples paraît sorti d’un cauchemar où tout acte solitaire est réprimé, c’est alors que le héros du film (génial Colin Farrell insignifiant et bedonnant) rejoint la communauté des célibataire que nous réalisons qu’ils punissent de leur côté tout acte non individuel avec autant de violence. D’un extrême à l’autre, les protagonistes sont condamnés à devenir des êtres dont l’exagération unidimensionnelle dresse, au final, un regard acerbe sur notre propre société où l’idéal de la famille et du couple est en conflit avec l’individualisme dans lequel nous baignons.


Je ne vais pas dévoiler l’intrigue ou des éléments du film, pour ne pas vous gâcher la surprise, mais si vous avez l’âme aventureuse : foncez voir The Lobster.

harey
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le 7 oct. 2015

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harey

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