Dans un monde où l'on martèle à chacun que 2,c'est mieux que 1, David, interprété par Colin Farell, se fait enfermer avec d'autres célibataires dans un hôtel où ils doivent trouver un(e) partenaire en 45 jours, faute de quoi, ils se verront transformées en l'animal de leur choix.
Avec ce genre de synopsis, "The Lobster" de Yórgos Lánthimos est le genre de film qui fait lever la tête des curieux ou, à défaut, un sourcil. En effet, c'est une nouvelle preuve que le cinéma peut encore nous surprendre et nous présenter des oeuvres atypiques. Et atypique, c'est sur que The Lobster l'est.
Divisé en deux parties, le film oppose deux groupes. D'un côté, la majorité qui veulent proscrire le célibat et de l'autre les rebelles qui interdisent toutes relations amoureuses. Avec son casting aussi prestigieux qu'international, Colin Farell, Rachel Weisz, Léa Seydoux, John C. Reilly et Ben Whishaw sont des marionnettes au service de ces dogmes extrèmes qui s'affrontent dans le théatre de "The Lobster".
Dans la première partie du film, les personnages soumis à des règles absurdes sont déshumanisé au possible. Aucune explication n'est donnée, Lánthimos le fait parce qu'il le peut tout simplement.
Peu à peu, le spectateur commence à saisir les codes de cette société qui condamne ce qui n'est pas conforme. Pourtant, l'illogique et le bizarre règnent en maitres du début à la fin. Le réalisateur démontre par l'absurde les travers de notre époque: le besoin de conformisme, l'effacement de l'individu au profit du couple, le rapport avec notre propre animalité. Pour cela, il use et abuse des situations génantes ou extrèmes, de personnages aux discours insupportables, le tout mis en relief par une esthétique glaçante et des décors épurés nous rappelant ceux des films de Kubrick. L'ensemble dérange, mais cela n'est pas forcément synonyme de mauvais. Tout est une question de dosage.
Et c'est dans la deuxième partie que "The Lobster" se plante selon moi. En faisant découvrir de nouveaux lieux et personnages, Lánthimos nous traite comme David et nous fait sortir d'une cage pour nous enfermer dans une autre. Cette pression et ce confinement qui donnent toute son identité au film finissent par le déservir et lui fait perdre son public.
Une occasion loupée de prendre du recul et ainsi de livrer une critique acide du totalitarisme. Au lieu de cela, le réalisateur nous rappelle qu'aimer c'est avant tout être libre. Le revendiquer revient parfois à faire acte de sécession envers le groupe et parfois aussi envers ses croyances et ses valeurs. Mais le nier, c'est commencer à creuser sa propre tombe.