The Lobster explore le thème de la relation amoureuse, de la solitude, du rapport à autrui.
Dans une société qui est un peu la notre mais très éloignée de nous, la relation amoureuse est devenue plus qu'une institution. Les célibataires sont transférés dans des hôtels/centre où ils ont 45 jours pour trouver une personne qui leur convient et rebâtir une vie à deux. Passé les 45 jours, ils sont transformés en l'animal de leur choix.
L'autre et la relation qu'on peut entretenir avec l'autre sont régulées, rationnelles, n'ont plus rien à voir avec les sentiments. De ce fait, les êtres humains qui vivotent dans ce monde étrange semblent dépourvus de tout humanité, pas morts mais pas très vivants. Leurs répliques n'ont aucune intention, comme un robot qui réciterais des phrases qu'on lui aurait assigné, et perdent ainsi leur sens.
Car The Lobster c'est aussi l'histoire d'un homme en quête de sens, qui n'a plus d'identité propre. Il est difficile à qualifier, quand on pense le cerner voilà qu'il nous échappe par un comportement inattendu. Mais il reste humain et toute son humanité transparaît dans cette incertitude de ce qu'il est.
Pour en revenir au film en tant que tel, il se compose de beaucoup de plans larges avec une attention particulière portée au paysage et notamment à la nature. L'usage de la musique est très encadré et répond à des intentions précises, avec notamment l'emploi de musiques classiques, allant souvent de paire avec des plans en ralenti qui cherchent à mettre, étrangement, en exergue la violence et le mouvement. C'est intelligent mais déjà-vu.
Au-delà de la musique, le film se compose d'énormément de silences, qui angoissent et sont violents. Car ce film, aussi lent et lumineux soit-il, est d'une violence sourde et inouie, dans ce qu'il ne montre pas, dans ce qu'il montre sans aucune pudeur.
Enfin, j'aimerais revenir sur la séquence d'ouverture et celle de fin du film. Sans spoiler, la fin est à l'image de tout le film, et conclue en résumant tout ce que The Lobster avait entrepris de tisser dès le début : la boucle est bouclée.
La scène d'ouverture est quand à elle rapide, violente, et ouvre parfaitement bien ce que sera The Lobster : un film sur le rapport entre l'homme et la bête, l'homme et d'autres hommes.