Faux film d'horreur un tantinet prétentieux et lancinant dont le climat parvient à oppresser.

Le duo de réalisateurs à l’origine de ce thriller avait déjà fait ses armes dans le même genre avec le remarqué mais relativement remarquable « Goodnight Mommy » il y a cinq ans. On retrouve le même type d’atmosphère inquiétante et anxiogène dans « The Lodge », une atmosphère particulièrement soignée et esthétiquement très réussie, notamment par ce contexte d’isolement dans un vieux chalet cerné par la neige. Cependant, rien d’extraordinaire ici puisque sur la forme on retrouve beaucoup ce qui fait actuellement le succès de la nouvelle mouvance horrifique du cinéma indépendant américain. On pense notamment aux films de Robert Eggers et surtout Ari Ester et ses fantastiques « Midsommar » et « Hérédité ». C’est d’ailleurs ce dernier qui revient souvent à l’esprit ici que ce soit dans la manière de filmer, celle de prendre son temps pour instaurer un climat délétère et celle de conclure de manière nihiliste au possible. Donc, pour le côté innovant, c’est raté même si la promesse artistique est ici tenue. Attention cependant à ce que ce modus operandi ne fasse pas trop d’émules au risque de lasser et de virer au plagiat si elle se perpétue.


« The Lodge » est vendu comme un film d’horreur et les deux tiers du film laissent planer le doute sur l’intervention possible du fantastique. Mais peu importe l’interprétation que l’on en fera, on est dans un thriller psychologique dont l’angoisse prédomine sur une quelconque apparition horrifique d’origine fantastique. Le stress est palpable durant tout le film et le scénario entretient de manière probante le doute jusque à la fin mais il n’y a pas de réels sursauts. Quant aux rebondissements permettant de comprendre le fin mot de l’histoire, ils sont plausibles et bien amenés. Il n’y a donc rien à redire sur l’esthétique léchée du long-métrage tout comme sur l’histoire qu’il propose. C’est maîtrisé de bout en bout mais cela n’empêche pas que tout cela nous apparaît quelque peu trop calculé comme si les cinéastes/scénaristes étaient bien trop sûrs de leur petit effet sur le spectateur. A tel point que cela vire même à la prétention, un sentiment de prétention préjudiciable à l’appréciation de « The Lodge » surtout si l’on garde en tête que ce type de films a déjà été fait et en bien mieux (avec « Hérédité » donc).


Le film contient son lot de séquences assez radicales et marquantes qui imprègnent l’esprit comme l’ouverture et son suicide choc. On pense également à la conclusion qui fait froid dans le dos en ramenant les dérives sectaires au centre du sujet. Par ce biais, on pense aussi fortement au méconnu « The Invitation » de Karyn Kusama. Mais comme le duo de cinéastes a tendance à trop se regarder filmer et qu’il opte pour un rythme trop lancinant qui empêche le spectateur de s’investir complètement dans ce mystère paranoïaque. On trouve intéressant en revanche de prendre la point de vue des enfants dans la première moitié puis celui de la belle-mère dans la seconde, mais ce n’est pas toujours exploité au mieux. En résulte un film intrigant, plutôt bien ficelé, beau à regarder et sombre au possible mais qui pêche par sa prétention et plie sous le poids de références trop évidentes et récentes.


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JorikVesperhaven
6

Créée

le 3 mars 2020

Critique lue 3.7K fois

12 j'aime

Rémy Fiers

Écrit par

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