The Lodgers
4.6
The Lodgers

Film de Brian O'Malley (2018)

La malédiction de la cave inondée

Entre la mort de ses parents, une demeure familiale qui tombe en ruines, de graves soucis financiers et un frère qui n'aurait rien contre une partie de jambes en l'air incestueuse, la vie de Rachel est aussi joyeuse que l'annonce d'un cancer généralisé. Malheureusement pour elle, il y a encore pire ! Elle et son jumeau sont en effet victimes d'une malédiction ancestrale à base de problèmes de plomberie gravitationnels et d'apparitions louches les obligeant à vivre en quasi-autarcie dans leur propriété. Âgée de dix-huit ans, la jeune fille n'a désormais plus qu'une idée en tête : fuir...


Dans le genre ambiance de longue dépression surnaturelle, "The Lodgers" se pose incontestablement là. À part la lumière du désir d'émancipation de Rachel, le film baigne constamment dans les ténèbres les plus lugubres du poids de cette malédiction reposant sur les épaules de ces deux jumeaux au sein d'une Irlande rurale oubliée du monde. Si l'on est rapidement séduit par cette forme d'atmosphère aussi désespérée qu'envoûtante installée en quelques minutes par Brian O'Malley, sur la durée, c'est une toute autre histoire...
Certes, la réalisation parviendra à préserver cette ambiance si particulière jusqu'à son terme avec parfois même de belles envolées visuelles (notamment dans le dernier acte) et, dans le rôle principal, Charlotte Vega fera figure de révélation au sein d'un casting amorphe mais le rythme de limace paraplégique de "The Lodgers" lui sera pour ainsi dire fatal.
Disons-le tout net : on s'y ennuie comme des rats d'outre-tombe, tout simplement. Tentant de garder le plus longtemps possible le mystère (pas si mystérieux d'ailleurs) sur la nature de cette malédiction à grands renforts de dialogues obscurs entre les jumeaux, la narration donne l'impression de faire sans cesse du surplace à peine bousculer par quelques éléments extérieurs finalement sans importance (un vieux notaire, une bande de villageois stupides, une épicière méfiante...). Avec l'arrivée dans l'équation d'un beau soldat blessé et sensible au charme de Rachel, le récit se met à graviter autour d'un triangle amoureux pas vraiment des plus renversants où l'héroïne est tiraillée entre la chance de fuite que représente cette idylle naissante et l'obligation de respecter les codes d'enfermement de la malédiction qui effraie tant son frère. On a connu bien plus original et "The Lodgers" ne fera hélas rien pour nous démontrer le contraire. Même les gouttelettes de révélations de la dernière partie n'arriveront pas à inverser la tendance soporifique globale d'une entreprise qui aura complètement oublié de nous faire frissonner en cours de route...


Loin d'être un calvaire à suivre pour autant grâce à sa mise en scène pertinente et à son actrice principale, "The Lodgers" n'en est pas moins un film victime de son manque cruel de rythme et d'enjeux originaux. Jamais le film de Brian O'Malley ne parvient à créer la moindre surprise entre deux baillements autour de sa comptine répétée inlassablement et qui prend peu à peu de sérieux airs de berceuse pour mieux nous endormir...

RedArrow
4
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le 24 août 2018

Critique lue 2.4K fois

10 j'aime

RedArrow

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10

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