Uncharted
Avec six films à son actif en vingt-deux ans de carrière, James Gray est un réalisateur qui sait se faire désirer. Dans The Lost City of Z, Gray abandonne la jungle New-Yorkaise qu’il connaît si bien...
le 19 mars 2017
102 j'aime
12
Un gout d'inachevé voila ce qui me vient en tète si je devais définir la sensation en sortant du dernier James Gray. Le genre du film d'expédition n'est pleinement accompli que lorsqu'il permet de révéler une quête initiatique qui dépasse la simple découverte d'un autre monde. Ici le bat blesse précisément en ce que l'aventure extraordinaire de Percy Fawcet ne sert qu'à conforter ses certitudes sur la supériorité civilisationnelle d'un Occident précurseur. Certitudes certes quelque peu ébranlées par son exploration d'une terre sud américaine qu'il découvre capable d'une modernité insoupçonnée. Mais celle ci est dépeinte avec une telle ostentation que nous croyons plus avoir à faire à un imaginaire colonial restreint qu'à de réelles recherches documentées sur ce que pouvaient être la vie de ces indigènes coincées à la frontière entre le Brésil et la Bolivie.
Il me semble également que le film n'échappe pas à quelques facilités de scénario et que la survie de cet homme et de ses troupes est parfois trop évidente pour paraître parfaitement crédible.Egalement en cause un chapitrage mal équilibré qui donne à l'oeuvre des airs de livre feuilletonant dont on aurait voulu garder toutes les péripéties dans un seul et même script. Le va et vient permanent entre L'Amazonie sauvage et Le Royaume-Uni Victorien, la découverte d'une ancienne colonie enclavée et la Grande Guerre qui s'annonce et éclate en un montage parallèle étouffe ces références historiques. Il faut surement y voir une envie pour Gray de dénoncer l'incessant désir d’impérialisme qui secoue et ont secoués nos puissances paternalistes, et l'intention demeure louable. Surement aurait il fallu une structure narrative mieux pensée.
Cette cité z en est finalement réduit à l'état de fantasme, et seuls les deniers plans (magnifiques, entre rite chamanique et processus mortuaire) laissent entrevoir ce qui aurait pu être l'accomplissement d'une structure pleinement aboutie. Ceci dit l'américain garde un talent intact pour la direction d'acteurs et sa mise en scène, si elle parait parfois pâtir de l'envergure du projet, sait s'aventurer dans des envolées lyriques maîtrisées. Le célèbre chef opérateur Darius Khondji apporte son savoir faire pour construire des plans clairs et une pellicule granuleuse semblable aux archives d'expéditions de l'époque. L'association des deux permet d'ancrer le récit dans une fresque dynamique que l'on prend plaisir à suivre, nonobstant les quelques défauts précités. Une petite déception donc en regard de l'attente suscitée, qui vaut quand même largement d’être vu.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les plus belles claques esthétiques, Cinéma à la marge, les films les plus surestimés et Les films les plus attendus de 2017
Créée
le 22 mars 2017
Critique lue 445 fois
11 j'aime
8 commentaires
D'autres avis sur The Lost City of Z
Avec six films à son actif en vingt-deux ans de carrière, James Gray est un réalisateur qui sait se faire désirer. Dans The Lost City of Z, Gray abandonne la jungle New-Yorkaise qu’il connaît si bien...
le 19 mars 2017
102 j'aime
12
Je sors à l'intant du cinéma, que dire mis à part que c'était fort long pour ce que c'était. Je m'attendais à une belle aventure dans la jungle, à des découvertes d'anciennes civilisations, à trouver...
Par
le 15 mars 2017
83 j'aime
7
La jungle, c’est cool. James Gray, c’est cool. Les deux ensemble, ça ne peut être que génial. Voilà ce qui m’a fait entrer dans la salle, tout assuré que j’étais de me prendre la claque réglementaire...
Par
le 17 mars 2017
80 j'aime
15
Du même critique
Verhoeven se voudrait insolent et grivois, il n'est au mieux que pathétique et périmé. Son mysticisme atteint des sommets de kitch dans une parabole pécheresse qui manque clairement de chaire (un...
le 13 juil. 2021
36 j'aime
Lucas Belvaux,réalisateur belge chevronné et engagé,est connu pour sa dénonciation farouche des inégalités sociales et sa propension à contester l'ordre établi.Ses chroniques dépeignent souvent des...
le 4 mai 2014
30 j'aime
14
Naomie Kawase est cette cinéaste japonaise déroutante qui déjoue volontairement depuis ses débuts la grammaire conventionnelle du 7ème art. Elle possède cet incroyable don d'injecter une matière...
le 11 août 2015
29 j'aime
5