Un gout d'inachevé voila ce qui me vient en tète si je devais définir la sensation en sortant du dernier James Gray. Le genre du film d'expédition n'est pleinement accompli que lorsqu'il permet de révéler une quête initiatique qui dépasse la simple découverte d'un autre monde. Ici le bat blesse précisément en ce que l'aventure extraordinaire de Percy Fawcet ne sert qu'à conforter ses certitudes sur la supériorité civilisationnelle d'un Occident précurseur. Certitudes certes quelque peu ébranlées par son exploration d'une terre sud américaine qu'il découvre capable d'une modernité insoupçonnée. Mais celle ci est dépeinte avec une telle ostentation que nous croyons plus avoir à faire à un imaginaire colonial restreint qu'à de réelles recherches documentées sur ce que pouvaient être la vie de ces indigènes coincées à la frontière entre le Brésil et la Bolivie.


Il me semble également que le film n'échappe pas à quelques facilités de scénario et que la survie de cet homme et de ses troupes est parfois trop évidente pour paraître parfaitement crédible.Egalement en cause un chapitrage mal équilibré qui donne à l'oeuvre des airs de livre feuilletonant dont on aurait voulu garder toutes les péripéties dans un seul et même script. Le va et vient permanent entre L'Amazonie sauvage et Le Royaume-Uni Victorien, la découverte d'une ancienne colonie enclavée et la Grande Guerre qui s'annonce et éclate en un montage parallèle étouffe ces références historiques. Il faut surement y voir une envie pour Gray de dénoncer l'incessant désir d’impérialisme qui secoue et ont secoués nos puissances paternalistes, et l'intention demeure louable. Surement aurait il fallu une structure narrative mieux pensée.


Cette cité z en est finalement réduit à l'état de fantasme, et seuls les deniers plans (magnifiques, entre rite chamanique et processus mortuaire) laissent entrevoir ce qui aurait pu être l'accomplissement d'une structure pleinement aboutie. Ceci dit l'américain garde un talent intact pour la direction d'acteurs et sa mise en scène, si elle parait parfois pâtir de l'envergure du projet, sait s'aventurer dans des envolées lyriques maîtrisées. Le célèbre chef opérateur Darius Khondji apporte son savoir faire pour construire des plans clairs et une pellicule granuleuse semblable aux archives d'expéditions de l'époque. L'association des deux permet d'ancrer le récit dans une fresque dynamique que l'on prend plaisir à suivre, nonobstant les quelques défauts précités. Une petite déception donc en regard de l'attente suscitée, qui vaut quand même largement d’être vu.

Sabri_Collignon
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le 22 mars 2017

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