Vieux de dix ans ce projet de James Gray produit par Brad Pitt bien qu’il ait renoncé au role principal qui échoit à Charlie Hunnam (Pacific rim, Crimson peak) retrace l’histoire vraie de l’explorateur britannique Percy Fawcett (Charlie Hunnam), qui lors d’un voyage en Amazonie au début du 20ème siècle pense avoir découvert les traces d’une civilisation inconnue et avancée qui aurait vécu dans cette jungle inhospitalière. Avec le soutien de son épouse dévouée (Sienna Miller), de son fils (Tom Holland) et de son aide-de-camp (Robert Pattinson) il effectuera pleureurs expéditions au cours du siècle , moqué par l’establishment scientifique qui considère les populations autochtones comme des «sauvages», pour trouver cette cité qu’il baptise Z jusqu’à sa disparition mystérieuse en 1925.


Cette histoire de passion et d’obsession entre l’Angleterre du début du siècle et le nouveau monde ne pouvait que séduire James Gray mais là ou le sujet et ses thématiques auraient pu le conduire faire de Lost City of Z un film d’aventure épique dans le style de David Lean il le transforme en une odyssée introspective, morose, anti-climatique au rythme (trop) lent. Lost City of Z semble évoquer des concepts familiers qu’on retrouve dans Au Coeur des ténèbres de Conrad (et donc Apocalypse Now) ou dans Aguirre ou la colére de Dieu de Werner Herzog une expédition unique dans la jungle où l’obsession de l’aventurier se fait plus pressante à mesure qu’il amène son équipe à sa perte. Si on y retrouve des figures familières comme la remontée d’une rivière pleine de piranhas, les pluies de sagaies de tribus hostiles, , du cannibalisme et la rencontre avec un opéra dans la jungle (qui rappelle un autre film d’Herzog Fitzcaraldo) James Gray prend aussi le contre pied de ce type de récit le rendant plus épisodique. L’explorateur rentre régulièrement en Europe , y fête parfois leurs exploits, s’y confronte à des mécènes en colère ou des problèmes familiaux avant de se replonger dans cette jungle qui fini par l’habiter.


Car tout autant que l’exploration, Gray s’intéresse aux rapports de classe et l’Angleterre du début du XXe siècle est un cadre parfait pour l’explorer.C’est avant tout une soif de reconnaissance qui pousse Fawcett, officier brillant dont le revers n’arbore aucune médaille qu’on devine rayé de la haute société par la disgrâce de son père, à accepter l’offre de la Royal Geographic Society. Son approche humaniste des peuples de l’Amazonie vient en partie de son rejet de ce mépris de classe qui s’applique encore plus durement à ces indigènes considéré comme des sous-hommes. A travers le personnage de Sienna Miller femme forte, moderne qu’on devine un peu suffragette permet au cinéaste d’aborder d’autres inégalités, même si Fawcett peut être qualifié de progressiste il ne peut s’empêcher de la renvoyer à sa condition de femme.


La où une autre cinéaste aurait périodiquement accéléré le rythme pour amplifier le drame faisant de la disparition de Fawcett l’apogée d’une tragédie, Gray refuse toute velléité « aventureuse » adoptant une narration épisodique d’une lenteur uniforme , comme détachée des passions qui animent Fawcett qu’il observe comme un entomologiste jusqu’à sa perte. Il y a quelque chose de Stanley Kubrick dans cette distance un peu froide (une scène du final m’a évoqué 2001) . Là ou cette influence est encore plus évidente se trouve dans un parti-pris pictural d’une lumière naturelle, incroyable travail du chef-opérateur Darius Khondji (Seven) et de compositions minutieuses qui font de chaque plan une toile sur les traces de Barry Lyndon. Peu de films poussent aussi loin la rigueur esthétique.


L’interprétation est de qualité dominée par un Charlie Hunnam surprenant, aminci son incarnation de l’explorateur évite le cliché de l’obsession grossière, gardant toujours un mystère qui rappelle le T.E Lawrence de Peter O’Toole. Robert Pattinson compose son personnage d’aventurier avec peu de dialogues, Tom Holland futur Spider-man incarne le fils aîné de Fawcett Jack, malgré son rôle assez bref ses scènes avec Hunnam sont réussies. Dans le rôle de Nina Fawcett Sienna Miller démontre à chaque film être une solide comédienne. On notera une apparition de Franco Nero et la participation de Ian McDiarmid l’Empereur Palpatine de Star Wars. La partition musicale de Christopher Spelman participe de cette même discrétion et j’aurai sans doute espéré une musique plus lyrique.


Conclusion : Picturalement sublime, avec un bon Charlie Hunnam, Lost City of Z déconcerte par la lenteur du rythme que lui impose James Gray.

PatriceSteibel
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le 16 mars 2017

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PatriceSteibel

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