To dream to seek the unknown.

Une véritable petite fresque. J’avais vaguement suivi la production un peu cauchemardesque du film et connaissait très vaguement l’histoire et le speech, mais n’ayant pas lu le livre, je ne vais pas chercher à comparer. Je dirais simplement que ce film s’est avéré non seulement intéressant, mais également bien rythmé. Son découpage est un peu simpliste en soit, mais ça permet en même temps de donner une véritable dimension temporelle à l’ensemble de l’intrigue qu’on ne ressent pas forcément si on prend tout ensemble. J’ai aussi aimé le ton très différent de chacune des expéditions, où on sent clairement que les enjeux et les motivations sont différentes, j’ai trouvé cela très immersif. Bon, c’est vrai que ça manque un peu de rôle féminin et qu’on joue beaucoup sur cette vision du début du siècle de l’homme face à la nature et l’inconnu, et le film jouera d’ailleurs dessus en mettant directement le doigt sur cet aspect-là. Le passage lors de la guerre sera également une belle leçon de bravoure.

Le rythme peut paraître un peu lent par moment, mais j’ai trouvé que ça permettait justement de créer une véritable tension tout au long du film. L’atmosphère ainsi créée nous prend vraiment à la gorge et nous projette directement au milieu de cette jungle, de cette quête insensée. J’ai beaucoup apprécié également les messages de tolérance qu’on retrouve un peu tout au long du film, en jouant à la fois sur les préjugés de l’époques mais également ceux qui ont perduré jusqu’à nos jours. C’est aussi une intrigue sur un père et son fils qu’il n’a pas vu grandir et qui vont finir par créer une connexion (même si cette partie survient un peu vite au final). Le final aura quelque chose de mystique, presque surnaturel, ce que j’ai également beaucoup apprécié.

Le casting sera globalement bon, notamment de la part de Charlie Hunnman et Robert Pattinson qui portent très bien le film en temps que duo, avant que Tom Holland ne prenne la relève de façon convaincante. Sienna Miller sera peut-être celle qui m’aura le moins marqué, ce qui est dommage puisqu’il s’agit du seul réel rôle féminin, mais difficile de dire si c’est à cause du personnage ou à cause de son jeu. Ça fait bizarre de voir Ian McDiarmid dans un autre rôle que celui de Palpatine, mais il a été plutôt convaincant lui aussi.

Techniquement, on sent la démesure du projet. Si la musique ne sera peut-être pas marquante, elle participe grandement à créer cette ambiance si particulière au film, cette sorte de lourdeur étouffante propre à la jungle, et j’ai beaucoup apprécié ce qui a été fait à ce niveau par Christopher Spelman. Bon, les décors sont effectivement fabuleux, mais ça aide aussi d’aller tourner sur place. Quant à la mise en scène, je l’ai trouvé très efficace. Sans forcément chercher à faire quelque chose de grandiose, on sent quand même le côté un peu épique de cette fresque par des touches et des idées très simples ici et là. L’immersion est totale. Et la photographie est phénoménale, avec cette teinte un peu sépia comme sur argentique, tout en utilisant l’éclairage de la jungle et ce vert omniprésent. Le final sera d’ailleurs magistral à ce niveau.

Bref, un film que j’attends fleuve et qui s’avère au final très fluide tout en étant dense. Je pensais qu’il allait être plus intense par moment, mais je trouve que c’est parfaitement dosé. L’histoire est proprement hallucinante et nous donne des envies exploratrices. Peut-être pas le meilleur du genre, peut-être pas parfait du point de vue historique ou de l’adaptation (ceux qui savent seront plus à même de juger ces côtés-là) ; mais pour ma part, je n’en attendais pas grand-chose et j’ai été agréablement surpris !