Pas la peine de raconter l'histoire, ni le pitch : il est connu et n'apporte rien à une possible réflexion si il y a matière… Les qualités du film sont multiples et la lenteur en est une de taille, elle permet de profiter pleinement des petits détails qu'on auraient tort de laisser s'échapper, comme les effluves épicées qui nous chatouillent les narines. Il est donc conseillé d'avoir mangé avant la projection sinon vous prenez le risque d'entendre votre estomac réclamer son cheese naan et de vous rendre compte que vous n'avez pas mis les pieds dans un indien depuis un sacré bout de temps. Une fois l'appétit ouvert et le tandori commandé, la trame se dessine enfin : échanges épistolaires et romance à distance pour le menu principal même s'il varie tous les jours.

Au delà de l'histoire, des bonnes et mauvaises surprises qui font les petits piments du film : le travail en cuisine, les échanges assez truculents avec la voisine du dessus, le voyage des lunchbox, le personnage principal, Saajan, qui se déride un peu au contact de cette situation rocambolesque, le mari infidèle ; c'est surtout l'immersion dans un monde à part et une mentalité qui nous manque cruellement à nous les occidentaux : savoir sourire à la vie en toute circonstance. Au premier abord, cette aptitude chez le jeune à d'abord de quoi agacer (on dirait Philippe Caubère jeunot au teint hâlé), toujours en quête de reconnaissance auprès de son mentor désigné, il peut même paraître particulièrement collant, excessivement avenant. Privé de presque tout, il semble apprécier l'essentiel : partager un repas, un simple cadeau, au point de modifier le regard un peu dur du pré-retraité peu loquace.

Ce film aurait donc des vertus thérapeutiques ? Il donne en tout cas envie de relativiser davantage et tel un miroir agit comme un reflet de notre société : égoïste, atrabilaire, insatisfaite et donneuse de leçon. Je ne dis pas que l'Inde est un pays ou l'on rayonne tous les jours, toutes castes confondues, non, c'est juste troublant de constater l'aptitude au bonheur de peuples qui bossent pour une poignée de roupies, une sorte de prédisposition naturelle à embrasser le positif : nous recherchons le bonheur à tout prix, eux, à travers ce film donnent l'impression de ne pas courir après cette chimère, ils sont déjà nés avec.
Yeahmister
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le 9 mars 2015

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