Cherry Darling made in Japan
Noburo Iguchi le reconnaît: son film doit beaucoup au Planet Terror de Rodriguez dans la construction du personnage de Ami, cette lycéenne vengeresse avec une sulfateuse à la place du bras gauche, tueuse de yakuzas mangeurs de sushi aux doigts. Oui, cette phrase ne fait pas beaucoup sens. Pourtant, tout y est rigoureusement vrai.
Pour le scénar', pas besoin de l'équivalent papier de Guerre et Paix ; un simple A4 suffit : Ami est une lycéenne qui vit avec son frère depuis la mort de leurs parents. Un groupe de lycéens maltraitent ledit frère, et le tuent un peu. Le chef du gang se trouve être le fils de l'oyabun local. Aussi, dans une soif de vengeance bien logique, Ami se dit qu'elle va les buter. Sauf qu'elle se fait chopper, est séquestrée, et perd son bras gauche dans l'affaire. Après une retraite chez des garagistes qui la musclent et lui fabriquent son nouveau bras meurtrier, elle se venge en butant tout le monde, et c'est bien. FIN.
Iguchi, le brave homme à qui l'on doit ce chez d'oeuvre du genre eiga bien sanguinolent, est avant tout un réal' de AV. Entendre par là : il tourne essentiellement des boulards. Aussi, le voir aux commande d'un truc aussi absurde que violent que jouissif que pas sexuel, c'est assez surprenant pour nous autres européens. C'était bien mal connaître le paradoxe de la prod' ciné nippone, où un Kitano peut être à la fois Lagaff' et Godard, et où Iguchi peut se faire valoir à la fois de B.Root et de Tarantino.
Un mélange assez détonnant, où l'hémoglobine coule à gros bouillons, et où les méchants sont impitoyablement défallqués, à coups de balles, de lames, de friteuses ou de couteaux de cuisine dans la nuque. On passera les effets spéciaux très très spéciaux, et on ne gardera que le côté chatartico-jouissif du film. Et c'est un peu ça qui compte, finalement.
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