Twist again ; au début j'étais parti pour mettre ce titre foireux à cette critique mais je me suis ravisé. Lorsqu'on a été habitué aux Usual Suspect et autres Echelle de Jacob, nécessairement, au bout d'un petit quart d'heure, on comprend que la mécanique même du film repose sur un twist final. En soit ce n'est pas grave et n'a pas provoqué l'arrière goût de déjà vu. J'ai parcouru pas mal de critiques et c'étais justement un angle d'attaque courant comme si, à présent, toute oeuvre basée sur des twist devait se faire démonter car, justement, elle réutilisait cette mécanique. A titre personnel je trouve que celui-ci a été bien amené, j'ai été surpris deux fois par le déroulé des faits et, encore mieux, le jeu de piste est encore meilleur en revoyant le film. De toute façon on s'en fout du twist ; voilà pourquoi j'ai changé de titre.

Le meilleur est ailleurs dans cette oeuvre d'un très bon niveau général. Si l'approche purement cinématographique est très classique et ne révolutionne rien dans la manière de créer en mode 7è art, force est de constater que la photo est tout de même très bonne. L'atmosphère oppressante est soutenue par une palette de couleur intéressante, par une bande son efficace et très Psychosienne par moment. Mais, là encore, il faut aller chercher ailleurs pour comprendre ma note.

Le premier tournant, c'est cette descente autodestructrice. Cet homme qui ne dort plus, qui oubli, qui ne vit que de post-it et d'un travail aliénant au possible, cet homme qui fond à vue d'oeil, tout ceci nous arrive en pleine gueule et, très vite, on l'accompagne.

Ensuite vient, on s'y attend tant sa performance est magistrale, Christian Bale. L'acteur dépasse les limites, va au bout jusqu'à l'épuisement physique. Une véritable performance pour ce beau gosse bien bâti et qui se retrouve à postuler pour un camp vietcong ou serbe (oui, les nazis n'ont pas eu de monopole). Physiquement l'homme est impressionnant, dans le jeu, l'acteur ne l'est pas moins.

Troisième clé, la pute. Le mot claque et dérange souvent. Pas moi. Cette pute est une belle âme. Comment ne pas penser à Elisabeth Shue accompagnant la destruction de son amour alcoolique alias Cage ? Je n'attendais rien de Jennifer Jason Leigh et elle m'a donné beaucoup ici à travers ce rôle magnifique. On me rétorquera que la pite au grand coeur, c'est du réchauffé. Oui mais le twist aussi ; quand c'est bien fait, autant le dire.

Enfin, le dernier acte : le regard sur des vies ordinaires et, souvent misérables. Ces travailleurs abrutis dans l'usine, ces serveuses, ce petit monde qui vit au jour le jour sans rien espérer d'autre qu'un moment de lumière.

The machinist apporte beaucoup à qui sait le regarder. II représente un moment de nos vies basiques, une approche dramatique certes, mais ô combien contemporaine et intemporelle, telle cette quête pour son âme, cette peur de la solitude, l'amour comme seul rempart, comme seul espoir.

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le 23 mai 2013

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Aqualudo

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