The Master réalise effectivement un exploit mystique : tandis que nous l'observons, nous voyons notre voisin de siège devenir sérieux devant les scènes d'analyses et débats, clore les yeux pour s'en imprégner, pencher la tête pour rentrer en transe lui aussi, et se mettre à ronfler. Oups, mésinterprétation. Il faut dire qu'avec ses 2h15 de palabres sans fins (ultra-bavard) et ses scènes de transes répétitives et longues, The Master est surtout l'un des Maîtres du Soporifisme. Dommage pour le beau casting qu'on avait réunit pour l'occasion, entre Joaquin Phoenix (impeccable pour ce rôle et vraiment investi), Philip Seymour Hoffman (surprenant dans le bon sens), Amy Adams ou Rami Malek (ces deux derniers commençant déjà à avoir moins de texte et de présence à l'écran que le sacro-saint binôme Phoenix-Hoffman dont le film ne veut pas démordre). Paul Thomas Anderson nous emmenait dans un terrain jusque-là assez inexploré : un chef de secte qui pense soigner les gens en leur faisant revivre leurs vies passées mais créé au passage un électron libre aussi violent qu'en adoration devant les préceptes du chef. On attend la confrontation, et l'on attend, l'on attend... Pour au final n'avoir eu que des scènes de discussion assises autour d'un bureau, deux personnes qui se regardent dans le blanc des yeux tandis qu'un troisième les chronomètre (on vous jure), une scène d'hallu où évidemment seules les femmes sont nues (marre de ces scènes sexistes), Joaquin qui frappe sur les murs et lèche les vitres (scène répétée à souhait), et une confrontation aussi molle que possible (encore un petit speech autour d'un bureau). Mention au making-of du film tout aussi palpitant : vous suivez un technicien qui monte et descend des escaliers avec des verres d'eau (s'il avait du café, pour nous...). Dommage pour le sujet original et le casting investi, les bavardages incessants nous ont mis en tran-sieste.