Noah Baumbach a plus ou moins l'image d'un Woody Allen du pauvre alors qu'il mérite un peu plus que cela. Il a sa tonalité propre, quelque chose de pathétique/mélancolique/absurde, autant de variations que l'on retrouve dans The Meyerowitz Stories qui, sans être son meilleur film, est assez fidèle à son niveau de bon artisan, modeste, qui sait parfaitement qu'il ne va pas révolutionner l'histoire du cinéma. Le charme de son film, qu'il ait été tourné pour Netflix n'y change strictement rien, vient de sa bienveillance ironique vis à vis de personnages le plus souvent à côté de la plaque, en train de rater leur vie et aux prises avec une famille dysfonctionnelle dominé par la figure d'un père, artiste raté et ratiocinant, détesté par ses enfants qu'il a négligé, ceux-ci restant relativement fascinés par ce géniteur qui n'a rien de tutélaire. La mise en scène de Baumbach se fait discrète mais le montage est très pensé, de nombreuses scènes se terminant symboliquement par un cri de colère, et la maîtrise des ellipses temporelles est remarquable. C'est avant tout un film de dialogues envahissants, d'interminables parties de ping-pong verbal où personne n'écoute personne. On est parfois à la limite de la rupture mais le film sait aussi user d'un humour subtil voire de saynètes absurdes (les films dans le film de la petite-fille). Ce petit monde New-yorkais et ses problèmes n'est pas censé nous toucher mais la direction d'acteurs, comme toujours performante chez le réalisateur de Greenberg, permet à des pointures comme Sandler, Stiller, Hoffman et Thompson d'exceller avec un naturel confondant. Plutôt agréable somme toute, cette vision d'entomologiste des moeurs des Meyerowitz, animaux à peine plus bizarres que le commun des mortels. Même si personne ne souhaite vraiment leur ressembler.