Le film joue manifestement sur deux tableaux : le film de monstre, genre Prédator, et le film intimiste et psychologique, la relation amour–haine entre une mère trop jeune, immature, paumée et alcoolique, et sa fille qui tente d'assurer comme elle peut (excellentes interprétations de Zoé Kazan et d'Ella Ballentine). C'est au point qu'il est possible d'interpréter la présence du monstre (car aucune explication n'est donnée dans le film à ce sujet) comme une création du subconscient de la gamine, création qui lui échappe, comme y invite un certain nombre d'éléments dans le film notamment la citation d'ouverture. Du coup, cela pourrait expliquer le comportement étrange du monstre qui n'attaque souvent pas alors qu'il le pourrait facilement. Car le film, pourtant très réaliste, notamment par son unité de lieu et de temps, comporte tout de même de grosses faiblesses scénaristiques tant au niveau du comportement du monstre que de celui de la mère qui prend des décisions dénuées de bon sens (notamment le plan final qu'elle échafaude, qui est franchement absurde, et son sacrifice, rédemption sans doute nécessaire, est un véritable suicide que rien ne justifie). Un film inégal, un peu bancal car le réalisateur joue avec un peu de facilité sur ces deux tableaux, mais qui reste attachant et très bien filmé.