Miroirs, mes beaux miroirs...

Après "Drive" et le trop sous-estimé "Only God Forgives", le réalisateur troque son égérie masculine pour une autre belle gueule, féminine cette fois et à propos puisque la beauté ou plutôt la quête de la beauté et de sa reconnaissance dans les milieux du mannequinats est le pitch du "Démon Néon".

La beauté vrai étant un fauve, difficile à saisir, à dompter, ne brille qu'au travers du regard des autres, elle n'a pas d'existence en soi. Pour se contempler soi-même, nous avons besoin d'un miroir ou des yeux des autres, ils seront nos néons nous faisant étinceler, voire des globes noirs voulant nous déposséder, nous dévorer,... C'est surtout ce dernier axe qui nous guidera le long de cette ascension icarienne.

A l'instar des précédents opus du réalisateur, le film se veut d'être une fresque. C'est beau. "Je trouve ça beau", pardon. L'esthétique est maitrisée de bout en bout. Nous sommes un spectateur en cage, la proie d'un zoo infernal. Les images, allégories se multiplient - parfois jusqu'à l'égarement - au fil des reflets dans les miroirs; le bris de l'un d'eux symbolisant selon moi un passage Lynchéen ou presque vers un quelque chose d'ésotérique. Le film cherche a créer trop de pistes, de références, faute d'être limité par son style pictural et par son thème banal qu'il cherche à se réapproprier.

The Neon Demon est un tableau, il subjugue, mais nous échappe, peut-être faute de vouloir trop en dire, de brouiller les pistes pour ne pas qu'on accuse encore de manquer de fond en laissant une sensation à la fois vide et...indigeste?

C'est imparfait, c'est vrai. Le propre de la plus belle des beautés n'est-il pas cette même imperfection? Ce malaise de ne pouvoir réellement saisir son mystère, qui fait qu'on ne s'en lasse pas... qui génère tant de silences tantôt gênants, tantôt admiratifs, tantôt angoissants...