Poison Girl
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Bofbofbof, pas terrible.
L'histoire est très pauvre. Il y a de bonnes idées de départ, des personnages intéressants, quelques situations bien trouvées, mais le tout est très faiblement exploité. Du discours sur l'image on ne retiendra quelques symboles, du monde impitoyable de la monde, on ne retiendra que des propos très convenu, un fond que Refn ne cherchera jamais à remettre en question, trop sûr qu'il est de ses propres certitudes.
Le scénario est à mon avis mal structuré, et ce à cause d'un problème de point de vue ; en effet, l'auteur change de point de vue dans les dernières minutes et cela est assez mal préparé, surtout que Refn abandonne la trame qu'il construisait jusque là. Il en résulte une impression assez gênante que le film continue alors qu'il devrait être terminé. Ce qui est fortement pénible.
Les personnages sont trop peu exploités. L'héroïne est la plus décevante étant donné qu'on ne l'investit jamais, elle apparaît comme une pure image, quelques chose de déjà mort, qui n'a jamais eu de vie. Cela renforcerait le message si c'était davantage exploité en ce sens, au lieu de ça, Refn et ses complices nous font croire qu'elle a une vie. Le personnage le plus intéressant est celui de la maquilleuse dont il aurait été plus intéressant d'adopter le point de vue dès le début. Son implication dans cet univers, sa fonction, sa fascination font d'elle un personnage bien plus attachant. Dommage qu'on ne comprenne pas trop son geste sur la fin ; il y a bien des symboles qui créent un semblant de cohérence, ainsi nous ne sommes pas trop perdus, mais c'est assez faible.
Après ses Pusher, Refn a très vite eu envie d'esthétiser ses histoires. À chaque nouveau film il va plus loin. Ou en tous cas il nous (se) donne l'illusion d'aller plus loin. Parce qu'en fait, sa vision est de plus en plus étroite. Certes, le travail sur la lumière et les décors (hyper épurés) est plaisant à regarder, le découpage fonctionne bien aussi, mais au niveau de la composition, c'est quand même ultra répétitif (même s'il centre moins que dans "Only God Forgives") ; très vite, on a l'impression qu'il a fait le tour de ses cadrages. Reste donc les ambiances à coup de montage et de lumière. C'est vrai que c'est souvent joli, mais là aussi ça devient assez vite répétitif. Pire, Refn apparaît comme un petit joueur, au final ses expérimentations visuelles ne vont jamais très loin. En fait, Kubrick a fait bien plus en une séquence finale de son Odyssée que Refn en toute une filmographie. C'est un peu triste. C'est joli à regarder quand même, mais ce n'est pas le coup de poing visuel attendu de la part d'un type qui délaisse les rouages de la narration pour se focaliser sur la plastique et d'éventuels symboles.
Ce qui est bien, c'est qu'il réunit un super casting. Il faut bien le dire, tout le monde joue assez bien, y comprit Elle qui est une des moins intéressantes. Keanu est très bon, dommage qu'il n'apparaisse pas si longtemps. Jena est sans aucun doute celle qui s'en sort le mieux, en même temps elle a le personnage le plus intéressant (c'est étrange que même lors de la promotion de ce film personne n'ait jugé bon de mettre davantage le personnage/l'actrice en avant). De plus, je la trouve bien plus mignonne que Elle (qui est aussi mignonne, rassurez-vous).
La musique est sympa. Pas le meilleur travail de Martinez ; c'est agréable à écouter, ça colle bien avec les images, mais il manque un petit quelque chose d'un peu plus audacieux ou d'un peu moins fourre-tout. Je n'ai pas ressenti la même unité que pour sa bande-son pour "Drive" par exemple.
Bref, c'est très mou, il se passe pas grand chose et on se lasse assez vite des effets scéniques de Refn qui dévoile toutes ses cartes trop vite... il reste tout de même quelques situations, personnages, acteurs suffisamment intéressants pour rester concentré jusqu'au bout.
Créée
le 26 sept. 2016
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