Chaque nouveau film de Refn semble être devenu un petit événement, surtout face au grand succès en 2011 de Drive, qui a propulsé le réalisateur danois au rang d’incontournable du cinéma. Avec son style à part, il propose des films qui sortent des sentiers battus et qui surprennent aisément les néophytes.


D’après ma connaissance actuelle du cinéma de Refn, Drive était un film relativement accessible. Son dernier-né, The Neon Demon, lui, va plus loin dans l’exercice de style. Sa thématique n’est pas la plus compliquée ni la plus innovante, puisque Refn s’intéresse ici au monde de la mode, ses coulisses, et surtout ses travers. Dans un univers où le beau est un standard mais surtout une obsession, il existe de nombreux axes de critique et d’observation pour s’intéresser à un monde très fermé à ceux qui ne s’y aventurent pas.


Extrêmement particulier, il cultive la beauté sous ses aspects les plus fascinants, sombres, voire malsains. Esthétiquement très beau, ses qualités principales résident dans des partis pris visuels qui donnent lieu à des scènes captivantes et envoûtantes, volontairement ralenties et accompagnées d’une BO electro ajoutant encore plus de mystère à l’ensemble. Longs plans au ralenti, nombreux jeux de lumière, The Neon Demon propose des passages presque hypnotiques, l’élevant quasiment au rang de film expérimental compte tenu de son aspect atypique, de son découpage particulier et de son approche originale du sujet.


Un peu comme une ode sombre à un univers méconnu, Refn enferme ce dernier dans des carcans très obscurs mais captivants. Ce choix semble d’emblée très intelligent et bienvenue, mais ce parti pris a probablement empiété sur le message même du film qui, bien que très métaphorique et allégorique (dans la droite lignée de Valhalla Rising), sert un propos relativement manichéen et, en définitive, assez cliché. En effet, une fois passé le stade de la fascination et de l’interrogation qui relèvent de l’expérience cinématographique, on vient à se demander quel est le véritable propos du film.


Et, bien que son imagerie parvienne à bien le servir, ce propos reste très unilatéral et abrupt dans son énoncé et son jugement. Comme bien d’autres films l’ont fait avant, et ce de manières bien différentes et variées, The Neon Demon est avant tout et surtout une critique peu fine du monde de la mode. Éternelle quête de la beauté, jalousies, trahisons, le film reprend des arguments très classiques qui ne parviennent pas réellement à nourrir le débat et à y apporter un regard neuf. Dans l’ensemble, ce fut en tout cas une expérience très intrigante et intéressante, qu’il faut surtout apprécier pour son esthétique et son rythme, plus que pour son contenu scénaristique.

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le 8 janv. 2017

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