S'il y a une chose que l'on ne peut pas reprocher à Winding Refn c'est bien celle de ne pas se renouveler. Même si la violence physique ou psychologique est toujours présente à chaque métrage, Refn cherche toujours à se détacher du film qu'il a réalisé précédemment.
Seulement à trop vouloir se démarquer il propose un film brouillon parfois contemplatif et trash inutilement. Après une première heure bavarde mais nécessaire pour montrer l'ascension de la jeune Elle Fanning dans le monde de la mode, le film fini par se perdre ainsi que le spectateur. Malgré des bonnes idées jamais exploitées jusqu'au bout.
Ici le monde du mannequinat est vu comme une secte démoniaque ou une entité qui prend possession de ces jeunes filles. Refn a un maître spirituel c'est Alejandro Jodoroswki à qui il rend souvent hommage comme dans Only God Forgives qui lui était dédicacé. Et la symbolique des plans ou la violence graphique comme dans la filmo de Jodorowski est aussi souvent présente chez Winding Refn. Par exemple deux scènes visuellement superbe, l'une dans une discothèque et l'autre lors d'un défilé, vont montrer sans dialogue la possession de ce monde sur les personnages et leurs transformation. Et la musique encore une fois avec Cliff Martinez offre encore des morceaux cultes et envoutant, son association avec Winding Refn se perfectionne de film en film.
Sans éviter certains clichés qu'on devine volontaire et des éléments incompréhensibles, comme le guépard dans la chambre de la jeune fille ou le personnage inutile de Keanu Reeves, Winding Refn réalise une première heure hypnotisante et visuellement maitrisé mais voilà on commence à attendre que quelque chose se passe et il faut le dire on s'ennuie un peu. Le film est centré sur Elle Fanning qui va connaitre une ascension dans un monde impitoyable et qui peut vous abandonner du jour au lendemain. Pourtant même si sa beauté est indéniable, le personnage le plus intéressant du film c'est celui joué par Jena Malone qui crève l'écran et se donne "entièrement" dans son rôle, elle est LE personnage centrale à travers son métier et son comportement qui va représenter la vision de ce monde de Winding Refn. L'interprétation de Jena Malone laissera sûrement des souvenirs et en choquera plus d'un et c'est justement là que c'est dommage car toute cette violence et ce glauque étaient ils vraiment nécessaire ? Si elle est souvent justifiée et compréhensible dans Drive ou Only God Forgives ici l'intérêt est très brouillon et les scènes virent au ridicule. L'ennui commençait à nous envahir mais le réveil est trop fort et pour le coup met mal à l'aise,Winding Refn veut choquer la bourgeoisie cannoise qui va aller voir son film et le fait maladroitement pour le coup et surtout inutilement.
Sans maitriser parfaitement son sujet, le film avait un certain charme hypnotique et avait tout d'un film culte. Mais même s'il ne s'oublie pas de si tôt après sa projection, c'est un film qui divisera et qui aura du mal à trouver son public. Pourtant Nicolas Winding Refn est un grand réalisateur qui prouve encore une fois avec ce film qu'il est capable de se remettre en question et de proposer quelque chose de nouveau pour le spectateur, ce qui est rare.

Sutter_Kane62
6
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le 25 juin 2016

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Sutter_Kane62

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