The Neon Demon ou les clichés de la mode vu par Nicolas Winding Refn.


D'un certain point de vue on pourrait avoir l’impression de voir un Capital : les dessous de la mode, entre glamour, stupre et tromperie, parcouru de symbolique et d’électro-deep signé Cliff Martinez.
Néanmoins le film n’est pas que ça. Et quand bien même c’est ce qui fait qu’il est réussi.
Refn nous raconte une histoire basique avec tout ce que l’on peut attendre du milieu de la mode. L’inventivité n’est ni dans les dialogues ni dans les personnages peu sympathiques et obsédés par le paraitre mais il habille magiquement le tout.
En somme ce sont des gens relativement ignobles, que l’on prend plaisir a suivre tant ils sont beaux : The Neon Demon c’est une histoire sale dans un bel écrin.


Refn est en plein exercice de style ( pléonasme ? ) : en même temps qu’il place les personnes ou les situation sur un piédestal hypnotisant, il s’attèle à faire peser une atmosphère menaçante.
Car ici la beauté mise en scène est si lumineuse, si solaire qu’elle crée autant d’ombre que de lumière. Elle est aussi brulante que glaciale, elle est schizophrénique, c’est un don et un fardeau.


Les moments ou l’on ne dévore pas Jesse ( Elle Fanning ) ( on la dévore tout de même souvent, car c’est La Proie parmi les prédateurs et qu’elle crève l’écran ), l’on regarde suspicieusement ses « amis » dans de lent travelling qui rendent n’importe quelle scène de maquillage étonnamment flippante.
Ainsi Refn construit son thriller, en faisant de nous des voyeurs affamés se demandant jusqu’ou la belle ira, si elle évitera le danger ou si elle deviendra le danger.


Mais à jouer des clichés de la mode et des moments de suspense Refn fait des dialogues ou des scènes entières qui tombent dans une symbolique facile et trop lisible.
Sinon parmi toutes les séquences nocturnes et oniriques qui clairsèment le film, certaines sont marquantes car plus originales ou plus personnelles et se détachent profondément du lots.
Au niveau du jeu des acteurs on est parfois gênés de voir au ralenti des jeux de sourcils ou des regards surfaits, mais le tout est voulu, et il ne faut pas s’étonner non plus de voir Elle Fanning jouer clairement la biche apeurée, Refn et les designer ou photographes qu’il montre, n’ont d’yeux que pour cette pureté naturelle qu’elle soit vraie ou fausse.


Je vais éviter de m’attarder sur les plans hyper-soignés ou de complimenter le travail de la photographie et du cadrage, là est tout le film et si l’on aime le style NWR c’est évidement une réussite. Les images sont à ressentir instinctivement, elles nous plongent en transe et l’on s’y abandonne a la manière de l’héroïne lâchée en clôture de défilé.


A noter un petit ventre mou, vers les trois-quarts du film ou nous, spectateur, continuons de nous accrocher, lassés des fausses-pistes, sans savoir qu’elle direction l’histoire va prendre et surtout somnolent car quasiment repu par une telle surenchère d’esthétisme (mais c’est paradoxalement ce qui nous maintient éveillé, c’est là sans surprise la force du réalisateur).
Rien d’étonnant alors que tout cet artifice puisse vous rendre nauséeux, c’est la volonté de l’auteur et la leçon qu’il donne a travers cette fable car c’est au final autant un conte qu’un thriller. D’ailleurs le dénouement confirme agréablement cette dimension même si a mon humble avis il aurait pu être raccourcit.
En conclusion je dirais que je me méfie des « films-concepts » et c’en est un, mais pas seulement. On y trouve des rares moments de grâce ou la forme ne recouvre pas le fond mais s’allie à celui-ci et lorsque c’est le cas, c’est top.


Pour l’avoir vu au cinéma, je préfère prévenir : il doit perdre énormément de sa grandeur et présenter bien moins d’intérêt sur un écran d’ordinateur.


Au lendemain de la séance il est toujours important de voir si le film est encore là ou si il fera partie de ceux que l’on oublie, et pour The Neon Demon je sentais toujours son empreinte, comme une persistance rétinienne causée par les nombreux flashs d’appareil photos, alors bien sur le film n’est pas immense mais il a incontestablement de l’allure et une allure dont on se souvient.


(Film a voir pour sa place dans la filmographie de Refn, et donc pour le choc et l’aboutissement graphique notamment la scène d’ouverture, mais aussi pour Elle. Et si l’on aime Keanu Reeves ou Jenna Malone c’est encore mieux.)

IneedSomeNoise
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le 7 juil. 2016

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