En étalant à la truelle une brillante vanité sur des scènes malsaines habitées de corps en souffrance fardés de maquillage et de lumière, The Neon Demon livre avec brio une histoire glauque tissée de fils dorés.

La Beauté, traitée dans toutes les dimensions du film, est d’abord ostentatoire. C’est vrai des dendrobates ou des coquillages cônes.

C’est vrai des rutilants salauds qui sont passés en revue dans ce film.

Elle peut être aussi camouflage.

C’est vrai de la mante orchidée.

C’est vrai des jolies jeunes filles poudrées qui hantent chaque scène.

A l’instar de la panthère qui rôde dans la chambre de Jesse, La Beauté, puissance indomptée, effraie et subjugue, tétanise et saccage. Celui qu'elle habite, en premier lieu d’ailleurs.


De fait, cette dangereuse et superfétatoire Beauté plastique s’applique surtout au film lui-même.
Oui il est beau. Aussi beau qu’Elle Fanning. Ce n’est pas de leur faute, cela les dépasse, les pauvres et ils finissent par se prendre au jeu… à leurs dépens.

Dans mon fauteuil, je joue aussi, même si je ne suis pas Belle, pauvre de moi, et je mate comme Jena Malone, façon voyeur pervers pépère. Faut bien savoir où tout ça nous mène…
Je me laisse empoisonner, anesthésier, fasciner par cet univers vampirique, tout de rouge vêtu, qui laisse parfois la place au bleu glacé d’une mort latente, gorgé de symboles vite oubliés, mêlé de vierge malsaine et de ravissantes perverses victimes d’un système dictatorial. Je bois le calice jusqu’à la lie et la bande son m’aide dans cette immersion.


Alors arrive ce moment où je reprends du poil de la bête. La belle Jesse n’est plus au top de sa forme et ça sent la fin.

Nicolas Winding Refn m’a donné à voir un magnifique emballage. Immobile et béate, j’ai attendu qu’il l’effeuille devant moi pour en découvrir le contenu. J’assume même mon voyeurisme. En vain. Je n’ai rien trouvé dans la boite et la séduction prend fin instantanément. Mais il est trop tard pour mon pauvre œil appâté. Cueilli, dénervé, avalé, recraché, croqué et digéré, il s’est fait embobiné par cette apparente Beauté.

Reine du Bal, elle mènerait, si j’ai bien suivi, à la perversité et à la mort, pour tous ceux qui l’approchent. Qu’en est-il donc du destin de The Neon Demon? Et du nôtre, si ce film est aussi beau que le disent certains ?

A moins qu’avec toute cette poudre aux yeux légèrement soporifique, elle n’ait juste voulu jouer au marchand de sable avec moi…

Lili_Lauriau
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le 1 août 2016

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Lili Pica

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