Dans le monde ultraviolent de la colonisation par l'empire britannique de la Tasmanie, Jennifer Kent cherche à nous parler d'empathie. Peut-on faire preuve d'amour et de compassion en temps de guerre? Est-il possible pour les deux personnages principaux du film (Clare, une prisonnière irlandaise et Billy, un esclave indigène) de s'identifier à l'autre dans ce qu'ils ressentent? À travers ces questionnements, la réalisatrice prend la décision d'honorer le peuple indigène de Tasmanie et la subjectivité d'une femme ayant tout perdu. Un pari à mon sens réussi, même si le dénouement peut sembler un peu trop idéaliste.
J'ai regardé The Nightingale suite à mon visionnage de The Babadook la semaine dernière. J'avais trouvé la thématique et la réalisation du film prenante alors je me suis lancé dans le nouveau film de la réalisatrice sans trop d'à priori. Je n'avais pas lu le synopsis ni même regardé de bande-annonce... et je dois avouer que lorsque "le massacre de toute sa famille" prend place, je suis sous le choc. Quelle scène! Pour un public habitué à voir des violences sexuelles du point de vue de l'agresseur ou d'une tierce personne, Jennifer Kent nous plonge ici dans le point de vue de la victime de façon magistrale et nous rappelle que l'horreur est trop souvent mise à distance pour nous épargner une expérience douloureuse. Par peur de ressentir trop d'empathie pour la victime, peut-être.
Durant toute la première partie du film, j'étais complètement investi dans l'histoire. Jennifer Kent arrive à peindre le tableau d'une relation entre un bourreau et sa victime à merveille, ce qui rend le dénouement de la première partie saisissant. Malheureusement pour moi, lors de la deuxième partie (la "traque") la tension du film s'essouffle petit à petit pour faire place à la rencontre émotionnelle entre les deux personnages principaux. Les enjeux du départ s'effacent pour laisser une forme d'acceptation et de deuil s'exprimer. Une fin qui m'a semblé un peu trop en phase avec notre époque, appuyée par une pensée plutôt féministe et décoloniale, mais c'est un film et il est bien.