Pendant la promo du long-métrage, Pierce Brosnan expliquait qu'il s'était pris un sacré coup de pelle sur le coin de la tronche lors de son éviction un peu précipitée du rôle de James Bond - qu'il affectionnait pas mal. Faut bien avouer que ça doit être un truc un peu chiant à perdre, une manne pareille. C'est donc plutôt naturellement que l'ancien agent du M.I.6 pouvait se glisser de nouveau dans un rôle d'espion un poil vieillissant. Une sorte de revanche sur ce rôle confié à un acteur plus jeune, plus blond et surtout, bien plus Jason Burne que ne l'était Brosnan, dernier héritier de la dynastie des Lords Bond, représentant d'un humour et d'un flegme. Une carte de visite effectivement largement déchirée et piétinée par l'arc moderne. Du coup, The November Man était attendu - du moins par moi - comme le retour de l'anglais équipé de gadgets, avec une histoire un poil moins globale - budget oblige - mais toujours très romanesque. Eh ben non, pas vraiment.

On nous narre donc l'histoire de Brosnan, agent de la CIA qui forme son successeur, Mason, en pleine opération dans le Montenegro. Alors qu'ils couvrent un VIP, le jeune Mason a la gachette un poil facile et tue un assassin pas bien malin qui tentait d'occire leur client. Brosnan, un peu choqué que, dans l'échange de coup de feu, un gamin se soit pris une balle perdue, quitte le service. On le retrouve quelques années plus tard, à la retraite - un peu anticipée, je vous l'accorde - avec un ami de longue date qui lui propos une dernière opération - impliquant une ancienne amante. Ah ben ouais, seulement le hic, c'est que ça part en live assez vite et que Brosnan se retrouve opposé à son ancien apprenti, qui est devenu un tueur de choc. Et en prime, il doit l'affronter avec Olga Kurylenko, faire-valoir de luxe, il faut bien l'avouer.
Bon, personnellement, j'ai trouvé tout ça très moyen : le film repose sur une conspiration entre russes et américains, qui respire fort des relents de guerre froide à moitié pardonnée. Genre, les russe sont fort fort méchants, mais faut bien avouer que la CIA aussi, c'est pas mal des salauds. Rien de très neuf sous le soleil, et dès le début, on peut pointer du doigt le méchant sans trop se gourer. Le méchant a, heureusement, un bon louvoiement entre mensonge et vérité, brouillant pas trop mal les pistes. Dommage que, une fois démasqué, il lâche un peu trop vite la subtilité qui était la sienne pour des répliques plutôt attendues sur la légitimité de ses actions. Mouais. Les scènes d'action sont pas mal (ah, encore de l'essence qui explose en tirant dessus, chouette !) mais il est assez décevant que le film n'ait aucune idée de quoi faire avec Olga, ravissante, qui ne sert finalement qu'à être sauvée et protégée. Je rêve de voir les rôles inversés, parce qu'au final, c'est une retap' de son personnage de Hitman, en moins prostituée quand même.
En fait, le vrai point qui m'a amusé pas mal, c'est quand même l'espèce de revanche étrange que le film semble prendre du James Bond de Daniel Craig. L'apprenti de Brosnan est blond, musculeux, beau gosse mais qui s'attache assez vite, finalement, assez taciturne dans le boulot et plutôt brute de décoffrage, en but à l'autorité mais très impliqué dans son travail. Il n'hésite pas à tuer, d'ailleurs, le film pointe assez vite le reproche que lui en fait Brosnan, d'assassiner à tour de bras en prenant le risque de se déshumaniser progressivement. Dites voir, là, ce serait pas une sorte de passage de flambeau entre l'ancien James et le nouveau, des fois ? Ça pourrait avoir l'air de rien, mais comme le film se permet même une pause dans l'intrigue, histoire que l'agent vieillissant aille faire la moral (bien hardcore, d'ailleurs) à sa pupille. Il est un peu violent, quand il fait la leçon, Brosnan.

Plastiquement, rien à dire, ça ne cherche pas à être joli, juste efficace, donc on se retrouve avec quelque chose d'assez propre, qui suit vaille que vaille les manières les plus récentes en la matière. Le souci du film c'est que, passé le sous-texte assez amusant, l'intrigue, comme je l'ai dit, est plutôt convenue, avec son lot de trahison, de contre-trahison et de sur-trahison. On s'amusera donc plutôt de voir le film en songeant à son discours, de voir comment le film s'articule presque uniquement en anti-James Bond, avant de faire une sorte de réconciliation. On sera bien content d'avoir assisté à la thérapie de Brosnan, qui lui permet de clore une bonne fois pour toutes l'épisode de l'espion anglais et on souhaitera le voir dans un autre rôle, quelque chose un peu moins actionner.
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le 29 nov. 2014

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