The pirate Bay Away from keyboard : l’analyse critique

The pirate Bay Away from keyboard : ou comment revivre l’un des plus gros procès qui a mis en lumière la très controversée question de la liberté sur Internet. Ce documentaire de 80 minutes sorti en 2013 relate parfaitement la saga judiciaire des 4 fondateurs du plus gros site de téléchargement BitTorrent dans le monde. Le réalisateur Simon Klose a alors mené un projet fou : suivre durant plusieurs années les têtes pensantes de la plateforme au caractère bien trempé, en pénétrant au coeur de leurs convictions, et de leurs vies avec une proximité assez déconcertante.

Le documentaire commence au tout début du procès et se termine lorsque la sentence finale tombe pour l’ensemble des fondateurs de la plateforme. Le film met en lumière chaque épisode marquant du procès concernant l’industrie du divertissement contre les acteurs de TPB. L’on y découvre alors des personnages tout à fait normaux, bien qu’atypiques par leurs manières de se comporter et d’étendre leur point de vue. Pour eux, la liberté de s’exprimer et d’échanger prime sur le business juteux des fichiers culturels. Lorsque le procureur demande au début du procès, quand se sont rencontrés les membres du site pour la première fois dans la vraie vie, dit « IRL » : in real life dans le film, le porte-parole du site, Peter Sunde, répondra alors qu’ils préfèrent utiliser l’appellation « AFK » : away from keyboard (loin du clavier) en expliquant que pour eux c’est l’Internet qui est réel. Cette remarque sera alors le début d’une longue série de différends entre les acteurs juridiques et l’équipe de TPB.

Entre surprises, rebondissements soudains dans l’affaire, mouvements des défenseurs de l’Internet, et dessous politique, le film de Simon Klose nous embarque dans un combat acharné où chacun souhaite tirer profit derrière une plateforme d’échanges de plus en plus controversée. Ainsi, le documentaire met en avant le fait que le téléchargement illégal n’est qu’un compte à rebours à l’ère où l’Internet permet de diffuser en illimité et 24h24 et où le droit n’a finalement que peu de pouvoir à révoquer ce phénomène définitivement inscrit dans nos pratiques culturelles.
Mais outre cette problématique d’ordre plus global, ce film est aussi et surtout un moyen d’en savoir plus sur les personnalités toutes différentes les unes des autres concernant les membres de TPB. Aussi on peut y découvrir celui qui se voit plus comme un anarchiste et Anti Amérique : Gottfrid Svartholm. Freidik Neij, un des créateurs du site au caractère ambitieux, perçu comme raciste mais attachant par ses amis. Et enfin, le très provocateur Peter Sunde, porte-parole du groupe qui ne manque pas de répartie pour assurer son point de vue sur la situation. Les 3 amis partagent néanmoins un but commun : celui de faire perdurer par tous les moyens le site pour lequel ils ont donné leur âme et mis toute leur énergie. Le documentaire mettra en lumière ces portraits très combatifs et sûrs d’eux-mêmes avant de connaître leur dramatique peine qui les rendra plus vulnérables.

Ainsi, ce documentaire retrace à mon humble avis, parfaitement les différentes péripéties qui ont encadrées le procès de TPB depuis la saisie des équipements en 2006 jusqu’à la sentence finale en 2010 où l’on suit les 3 fondateurs avec compassion, reproches, et beaucoup d’humour parfois. Cependant, parler de TPB tel quel aurait mérité pour moi un peu plus de scènes concernant d’autres grandes questions sur l’impact de ce site : TPB de ses débuts à aujourd’hui en marquant le fil avec les scènes du procès, les conséquences du verdict sur les défenseurs des droits sur internet, et les groupes en montée pour les adeptes du P2P par exemple…

Quelques scènes du documentaire sont à mon goût inutiles et ne nous apprennent rien d’intéressant en ce qui concerne l’affaire si ce n’est le caractère « je-m'en-foutiste» des propriétaires de TPB, montrés comme des adolescents défiant toute autorité.
J’aurais aimé une approche un peu plus globale sur le phénomène du Torrent, toutefois c’est un bon documentaire si on aime le scénario tourné dans l’esprit dramatique, mais qui n’apporte pas forcément d’informations conséquentes pour tout fan du sujet qui aurait aimé en apprendre davantage sur les retombées du site que sur les réactions de chacun des fondateurs à l’issue du procès.